Dans l'enseignement de l'éthique chrétienne, la référence à la loi
naturelle a connu une certaine éclipse au moment du concile
Vatican ii, car il s'agissait alors d'éviter qu'une conception
trop biologique des préceptes moraux n'oblitère l'engagement de la
liberté personnelle dans les voies de l'éthique. Mais la suite de
l'histoire montre qu'il est difficile de se passer d'un concept par
lequel serait signifiée l'universalité de la règle qui touche tous
les humains comme tels. Les huit contributions ici proposées se
risquent soit à fonder la validité du concept de nature, soit à
chercher d'autres mots qui rejoindraient - mieux que la
référence grecque à la phusis - la tradition
judéo-chrétienne où la nature est référée à la Sagesse créatrice.
W. Linnig expose les controverses menées sur ce sujet ;
É. Herr propose le concept d'écologie humaine ;
P. Coulange confronte le droit naturel à la figure
contemporaine des droits de l'homme ; F. Louzeau situe la
loi naturelle dans la démocratie pluraliste en s'appuyant, pour ce
faire, sur le débat mené en 2000 à Rome entre le Card.
J. Ratzinger et le philosophe P. Flores d'Arcais, dont le
compte-rendu (aujourd'hui épuisé) est publié in
extenso dans l'ouvrage ; J.-F. Lefebvre reprend
du point de vue biblique (Sagesse et prophètes) la question d'une
loi mosaïque tout de même accessible aux païens. Pour bien goûter
la richesse de cet ouvrage, peut-être convient-il de l'entamer par
ses extrêmes : l'ouverture, où Mgr P. d'Ornellas insiste
sur la douceur qui doit inspirer le dialogue entre les humains qui
recherchent leur loi commune ; la dernière contribution, où
E. Robberechts fait l'exégèse du Sabbat pour montrer le
surcroît de l'appel éthique sur la raison morale. -
X. Dijon s.j.