Tout homme naît d'une femme, et il s'unit à une autre pour
engendrer: mystère… (ou mythe?) de la mère, et de la vie. L'A. de
ce livre, professeur d'histoire des religions à l'Université de
Genève, a déjà publié Aux origines de l'histoire des religions
(Seuil, 2004) et Exercices de méthodologie (Labor et Fides, 2004).
Les éditions Morcelliana de Brescia viennent de traduire un
précédent ouvrage sur le thème du matriarcat La Mère des dieux. De
Cybèle à la Vierge Marie (Seuil, 1996), où il entreprend une étude
historico-religieuse: «les aventures de la différence» comme le
note le préfacier G. Filoramo (p. 6). La Grande Mère, personnage
archétypique qui hante les anciennes cultures et les religions
humaines, comme aussi notre imaginaire: l'icône du Féminin. Peut-on
suivre à la trace ses innombrables mutations? L'A. s'y essaie avec
brio! Il s'agit bien de l'histoire du mystère maternel à travers
les mythes antiques: la diffusion d'une image, du culte athénien de
Déméter à l'invention mythologique de la mère de la République
romaine. Puis, la légende de la mère impériale et d'Attis va subir
une nouvelle métamorphose avec la religion chrétienne: la Vierge
Marie, Mère de Dieu, et son Fils.
Un parcours passionnant d'anthropologie culturelle dans le monde
grécoromain qui nous fait retrouver les soubassements de notre
imaginaire à propos du mystère de la femme, porteuse et nourricière
de l'homme, voire de l'humanité divinisée… Serait-ce une image
«naturelle» de la force divine créatrice? L'itinéraire historique
et géographique que nous présente l'A. s'avère fort suggestif pour
les penseurs chrétiens, anthropologues ou mariologues. - J.R.