La musique : un sacrement ? La médiation de la musique rituelle comme lieu théologique : une participation à l'épiphanie du mystère de l'Église

Michel Steinmetz
Arts and letters - reviewer : Gonzague de Longcamp c.s.j.

L’A. part du constat que la Constitution Sacrosanctum concilium 112 confère à la musique sacrée – et non aux musiciens – un munus ministeriale, une véritable fonction ministérielle. Or, force est de constater que cet apport majeur du dernier concile a été largement négligé dans sa réception. Il s’agit donc pour S. de scruter la fonction de la musique sacrée en la rapprochant de la notion de sacramentalité qui traverse toute l’ecclésiologie du Concile.

La musique participe, selon notre A., de l’œuvre de la liturgie qui donne de vivre et d’expérimenter la tension eschatologique propre au mystère chrétien. Pour comprendre la manière dont la musique rituelle s’insère dans cette dynamique, il cherchera à repartir de l’humain de deux manières. D’abord en situant la musique « dans l’ordre infra religieux du rite et du symbole ». Il fonde ainsi la médiation de la musique rituelle comme expression de l’indicible. Ensuite, il cherchera à rendre compte de la sacramentalité de la musique, non pas en partant des sacrements, mais de l’ensemble du dispositif sacramentel – parole et geste – déployé dans l’action liturgique. Ainsi, la médiation de la musique s’exerce à l’intérieur de la médiation du corps ecclésial.

L’inscription dans l’humain par le symbole et la sacramentalité permet à l’A. de faire droit à la dimension cosmique et eschatologique de la musique rituelle. Dans l’expérience qu’elle offre de la réception et du goût du salut opéré par le Christ, elle devient un véritable lieu théologique. Elle permet à l’Église de se constituer comme communauté célébrante. L’articulation du principe christologique et du principe pneumatologique à l’œuvre dans une ecclésiologie fondamentale offre ainsi une critériologie valable pour la musique comme lieu théologique.

Cet ouvrage possède d’immenses qualités. D’abord celle de chercher à penser théologiquement la fonction de la musique sacrée. De plus, le choix d’inscrire cette recherche dans une réflexion globale sur le rite et le symbole lui donne une assise solide. On peut aussi souligner la dimension ecclésiologique de la recherche, cherchant à honorer la dimension eschatologique de l’Église. On regrette pourtant que ne soit pas fait plus de place à l’étude de la musique comme telle. L’évocation du son et de la phénoménalité de la musique, pour intéressante qu’elle soit, nous paraît trop brève. — G. de Longcamp c.s.j.

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