La Parole et la Vie. Lectures de l'Évangile selon saint Jean

Guy Lafon
Holy Scripture - reviewer : Yves Simoens s.j.
Auteur d'une précédente monographie sur Le temps de croire (Jean 11,1-46), parue dans la collection «Connaître la Bible 37», déjà publiée par Lumen Vitae, sans parler d'oeuvres antérieures, G. Lafon poursuit sa lecture johannique par une série de vingt-et-un chapitres, courts et denses: autant qu'il y en a dans le quatrième évangile. L'Avant-Propos introduit bien à cette manière de lire, attentive à la circulation entre «parole» et «vie», qui donne son titre à l'ouvrage, compte tenu d'un souci permanent du texte étudié. On ne peut que se réjouir d'une fidélité scrupuleuse au texte original jusque dans la traduction proposée. Elle nous vaut des perles, dès le premier chapitre: «Derrière moi vient un homme …» (Jean 1, 29-34). «L'autre, toujours premier. Moi, toujours second, faussement premier, même si, en effet, je dis « je », même si je dis « moi » spontanément» (p. 10). Le bonheur de l'expression s'accompagne sans cesse du bonheur de lire chez le lecteur écrivain, partagé au lecteur de son livre : «Au fond, enlever les péchés du monde, est-ce que ce n'est pas supprimer - et quelle chance! - la suffisance du moi?» (p. 11). Voilà que, tout d'un coup, un texte lu et relu scintille d'un éclat neuf, de la nouveauté permanente de l'évangile, à retrouver sans cesse. Il y a toujours plus à en dire, surtout si l'on est un tant soit peu familier de la problématique exégétique, jamais moins.
La traduction par: «Le Souffle saint», fait penser à des recherches superflues de la traduction Bayard, qui n'aident peut-être pas tellement à enrichir le sens. Et dans la lecture de la noce à Cana, par exemple, beaucoup d'autres merveilles seraient à inventorier, au détour de détails insolites. Pourquoi maintenir ce fameux: «Tout ce qu'il vous dira» qui n'a jamais figuré dans le texte, limité à: «Ce qu'il vous dira, faites-le», plus percutant? Mais ces réserves ne veulent en rien atténuer l'incitation à lire cet ouvrage, fruit savoureux d'un goût de communiquer la Parole de Dieu comme parole pleinement humaine. Le chapitre XVIII: «Est-ce que je Juif, moi?», est à signaler. Il est remarquable.
Jamais le texte ne nous semble avoir «parlé» à ce point! Impression, en lisant, de n'avoir jamais lu auparavant, ce qui révèle quand même du très grand art! «Nous sommes amenés à identifier le Juif à celui qui reçoit celui qui est livré, dans la mesure où il est livré, parce qu'il n'a pas de pouvoir. Être Juif, c'est recevoir celui qui est livré. Dans ces conditions, Pilate lui-même serait Juif, puisque Jésus lui est livré!» (p. 120). Au sujet de Jn 17, 24 encore: «Nous avons à faire avec cette difficile pensée que l'amour précède l'être» (p. 114). Où sens du langage et théologie coïncident en se renforçant! Dans le concert souvent cacophonique des lectures johanniques actuelles, peu stimulantes en somme, cette contribution humble, modeste mais d'une extrême pénétration, est à saluer avec reconnaissance. - Y. Simoens sj

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