Jacques Philippe, membre de la communauté des Béatitudes et prêtre depuis plus de 35 ans, propose une réflexion sur la paternité spirituelle du prêtre. À l’heure des révélations troublantes concernant le comportement de certains prêtres, l’A. entend encourager ses frères dans leur ministère. Il espère également éclairer tous ceux qui exercent d’une manière ou d’une autre une forme de paternité ou de maternité spirituelle.

L’exercice de la paternité apparaît d’abord comme un besoin urgent pour nos sociétés ; l’absence de figure paternelle n’est pas sans conséquence douloureuse pour la croissance des personnes. La paternité est un don à cultiver pour livrer un amour inconditionnel, pour dispenser une parole d’autorité, pour éduquer chacun sur le chemin de la liberté intérieure. La question qui se pose et que l’A. entend éclaircir est alors : « Comment devenir père ? ». Pour devenir père, il faut être fils et époux de l’Église. Cette filiation se reçoit dans la contemplation, elle se vit concrètement dans l’amour de l’Église et, plus particulièrement, dans une vie fraternelle avec tous. Si Jacques Philippe évoque la fraternité comme une conséquence logique de cette filiation spirituelle, on pourrait également reconnaître combien la vie fraternelle éclaire et filialise le cœur de tout pasteur.

La paternité est un itinéraire spirituel à parcourir, semblable au chemin des Béatitudes. Devenir père, c’est découvrir avant tout sa propre pauvreté et consentir à traverser une série de pâques personnelles. Exercer une juste paternité demande un esprit de foi. « C’est sur Dieu seul et sur sa miséricorde qu’on s’appuie vraiment » (p. 76). Cette foi sera pleine de douceur et d’humilité, vécue avant tout comme un chemin de conversion, qui ne se laisse abattre par aucun échec et se nourrit d’espérance.

Exercer une paternité est aussi une mission d’encouragement et de consolation. La douceur évangélique, le désir de justice et de miséricorde doivent emplir le cœur du pasteur. Contre les tentations d’emprise et les risques des abus spirituels de toutes sortes, l’A. préconise le remède de la gratitude qui libère la fécondité pastorale. À l’heure de l’activisme et des burn-out, il propose le repos et le shabbat de l’âme. L’A. termine son exhortation par une analyse des relations homme-femme, mais aussi des relations clercs-laïcs. À l’instar des lettres pauliniennes, il situe la paternité spirituelle dans le ministère du prêtre comme une médiation nécessaire sur la base traditionnelle des tria munera de gouvernement, de culte et d’enseignement.

Ce petit livre de spiritualité pourra éclairer le ministère des prêtres et, plus largement, celui de tout fidèle en mission d’accompagnement spirituel dans l’Église. — C. Scrive f.m.j.