La philosophie de la vie de Hans André, prés. et notes P. Ide, trad. E. Tourpe
G. SiewerthPhilosophy - reviewer : Jean Burton s.j.
L'introd. indique l'horizon d'H.A. : « Un aristotélicien chez les Naturphilosophen ». Botaniste, mais très informé aussi des autres disciplines scientifiques, il était convaincu de la « nature hylémorphique du végétal ». Il développa d'abord une épistémologie des sciences à un autre niveau que ce que l'on nomme « Philosophie des sciences ». Pour lui, les catégories premières, comme celle de l'acte et de la puissance sont en amont des données scientifiques. « La pensée d'André est donc tournée vers l'origine, le fondement, la source la plus radicale(…). Dans un regard qui s'émerveille du mystère de la phusis, le métaphysicien demeuré botaniste contemple toujours l'être surgissant des mains du Créateur et la créature abouchée à sa source divine. (…) Le mouvement caractéristique de la pensée « philosophico-philosophique » d'André conjoint donc l'étant, l'être et Dieu, dans une dynamique analogique à deux temps - ontico-ontologique de l'étant à l'être (entendu au sens plénier de l'actus essendi) ; onto-théologique de l'être à Dieu - à laquelle il faut ajouter un troisième mouvement, catatonique, de redescente vers les étants, eux aussi concrets, mais en un autre sens, mesurés par les sciences » (p. 33). On peut alors parler de la structure ontophanique du réel (p. 44). « En ce sens, les sciences, par l'extrême largeur du champ qu'elles couvrent et par la charge de plus en plus ontologique de leur propos, ne pourraient-elles pas présenter au discernement philosophique certains concepts - qui d'abord élaborés selon leur modalité propre, empirico-formelle (Ladrière), requerraient en un second temps une élaboration sapientielle - et ainsi participer à la construction de l'objet propre de la philosophie de la nature ? » (p. 30). Sciences (au sens moderne du terme), métaphysique (au sens aristotélo-thomiste), théologie (au sens balthasarien de la quadruple différence d'être (dansLe domaine de la métaphysique du t. iv de la Gloire et la Croix) se concertent alors pour une symbolique respectueuse et contemplative du Mystère divin du Cosmos. Il faut alors reprendre cette citation de Christian Bobin offerte d'entrée de jeu (p. 8) : « Le fin fond de la matière, son ultime noyau, sa pointe ultime, ce n'est pas la matière, mais cette parole : Je t'aime. » (Le Très-Bas, Paris, Gallimard, 1992).
Une très large place de ces 338 p. est réservée aux notes du p. Pascal Ide, essentielles à la compréhension de Siewerth et des positions de Hans André. Indispensable dans toute bibliothèque universitaire en quête du sens de sa recherche, dans le domaine des sciences de la nature et de sa poétique essentielle. La théologie du Cosmos (Bouyer) y trouvera ses avant-propos et la poétique-symbolique du « con-naître » (Claudel), ses arguments. - J. Burton s.j.