Dans cette très belle plaquette (merci J.-M. Schwartz) fort bien
éditée, nous avons, pour les contempler à loisir, les reproductions
des treize gouaches (format 1/1), peintes par le P. André Bouler sj
(1924-1997) en écho (l'oeil écoute) aux invocations bien connues de
l'Anima Christi. De cette prière, dont nous ne connaissons pas
l'origine (le plus ancien manuscrit date de 1320-1340), Ignace de
Loyola a fait, à l'égal du Salve Regina et du Pater Noster qui
l'enserrent dans le «triple colloque» des Exercices Spirituels, une
des prières vocales médiévales les plus connues. À ce propos,
l'introduction historique et le commentaire spirituel que nous en
donne le P. Daniel Dideberg la situent non seulement avec précision
dans la trame des Exercices, mais encore avec toutes ces
harmoniques théologales qui en font un joyau de la dévotion à la
sainte humanité du Christ tout autant qu'à sa profondeur
eucharistique. Ces accords théologiques pouvaient-ils supporter une
évocation picturale? Certes, tout en contemplant le Mystère du
Christ tout entier réfracté en chacun de ses mystères revient
toujours, au coeur de l'orant, le «visus, tactus, gustus in te
fallitur / sed auditu solo in te creditur» de l'Aquinate! Pourtant,
dans ces meilleures oeuvres, l'art chrétien est aussi prière et à
se laisser toucher par tel coup de pinceau, par tel oxymore que
propose le choc du texte et de son «commentaire» peint, on est
invité au seuil de ce colloque où les paroles échangées auront
leurs propres couleurs. Ce sera le secret du coeur à Coeur. Les
témoignages, dont deux extraits sont proposés, peuvent être
consultés en entier sur le site internet < www.jesuites.com>.
- J. Burton sj