Cette édition due à J.-M. Tétaz rassemble 15 contributions de C.F.
von Weizsäcker (1912-2007), variées et échelonnées dans le temps
(19711991), disposées par thèmes. Les sources en sont données en
fin de livre et accompagnent une bibl. substantielle (avec
indication des textes déjà traduits en français). Nous avons donc
un large panorama de l'oeuvre de ce physicien de premier plan,
«philosophe, penseur politique, et incarnation du dialogue entre
les traditions philosophiques et religieuses d'Orient et
d'Occident» (p. 11), ainsi que de son engagement éthique et
chrétien (pour la paix, l'oecuménisme et notamment à propos de
l'utilisation de l'énergie atomique pendant les années 194045 et
après). Carl Friedrich von Weizsächer fut en effet à la fois
physicien et philosophe. Sa collaboration avec les célèbres Nobel
Werner Heisenberg, physicien (1901-1976), et le chimiste Otto Hahn
(18791968), développa un autre regard sur la nature profonde du
«réel». Cela n'était pas sans interroger la philosophie et la
théologie de l'époque. On sera donc intéressé de connaître l'apport
de ce penseur polyvalent. Après la préf. de I. Angela Maréchal,
(rencontrée personnellement) et une intr. en forme d'autoportrait,
15 chapitres trouvent leur place sous les titres suivants:
expérience religieuse et sciences de la nature (1-2); la place de
la religion dans la pensée moderne (3-4); le monde et la création
(5-6-7-8); un coup d'oeil sur le récit de la création (9-10);
sciences de la nature et religion comme éléments de notre avenir;
où allons-nous? (11-12-13); physique et philosophie: penser l'unité
de la nature (14); les conditions de possibilité de l'expérience et
l'unité de la physique (15). Enfin une postface de Th. Görnitz,
(ayant travaillé avec C. F. von W.) responsable du choix des
textes, permet d'avoir accès à son «engagement dans le siècle» et à
ses écrits. Elle situe aussi ses orientations fondamentales:
«conditions de possibilité de l'expérimentation scientifique dans
la recherche de l'unité de la Physique» - sa grande quête d'une
Ur-Alternative - et la possible corrélation entre une
théorie (unifiée) scientifique (où «certitude n'est pas la même
chose que la vérité», p. 283) et ce qu'il appelle la validité des
arguments transcendantaux relatifs à la connaissance du réel (p.
281-287).
L'A. attend de l'unification de la physique, le contexte
où seront validement réexaminées les trois philosophies des
sciences qu'il critique: réalisme, positivisme, transcendantalisme.
Il faudra alors revenir à la séquence: mythe, philosophie,
théologie, science, du chap. 3. Séquence qui n'est pas sans nous
étonner. En tous cas, sa position in fine indique que la
science dans ces avancées alors récentes en physique quantique,
questionne les «connaissances» qui la précèdent. - J. Burton sj