De quel courage s'agit-il? Il ne peut s'éclairer qu'en prenant d'abord conscience de ce contre quoi il lutte ou fait face, à savoir la conscience invincible de la finitude. Mais il doit aussi se distinguer du «courage d'être participant» ou intégré à une communauté (quelle qu'elle soit) ainsi que du «courage d'être soi-même» comme affirmation existentielle de soi. Le courage d'être, au sens de Tillich, est une manière de réexprimer le principe de la justification. C'est l'assurance qui nous donne d'être acceptés en dépit du fait que l'on se sente inacceptables. Pour Tillich, c'est là en propre le courage de la foi par lequel le croyant se trouve en relation avec un Dieu, découvert non pas comme l'Être des êtres (théisme) mais comme le fondement ultime et inconditionné de notre vie. Venant vers nous pour nous libérer et nous remettre debout pour marcher encore contre toute espérance.
Lisant cet essai théologique dans l'effervescence des existentialismes et de mai 68, on avait pu en mesurer la nouveauté d'expression. Si nous sommes désormais un peu plus habitués, la vigueur et la profondeur de la réflexion n'en demeurent pas moins décisives. - H. Thomas, O.S.B.