Le judéo-christianisme ancien. Essais historiques

Simon-Claude Mimouni
Œcumenism - reviewer : Hubert Jacobs
Depuis plusieurs années, l'A., qui occupe une chaire «Origines du christianisme» à l'École Pratique des Hautes Études, étudie l'histoire de la formation des mouvements de Jésus dans et hors du judaïsme, aux Ier et IIe siècles. Il est directeur de la Revue des Études Juives et s'est fait connaître par sa thèse Dormition et assomption de Marie (publiée en 1995).
Dans le présent ouvrage, il se propose de présenter des éléments de réflexion sur différents problèmes qui concernent les débuts du christianisme. Plus précisément il s'agit d'une approche des aspects nombreux et complexes qui concernent le judéo-christianisme. Par cette appellation, on vise les chrétiens d'origine juive qui, jusqu'au IVe siècle, ont reconnu la messianité de Jésus, ont ou n'ont pas reconnu sa diversité, mais ont continué à observer la Torah. Les sources qui les touchent sont relativement importantes, mais leur caractère judéo-chrétien n'est pas toujours assuré et exige au préalable des recherches critiques d'attribution. La variété de ces sources renvoie à une pluralité de communautés judéo-chrétiennes dont il est nécessaire, chaque fois, de préciser les contours dans l'espace et dans le temps, et de bien cerner les croyances. Aux judéo-chrétiens, il ne faut pas oublier de joindre les chrétiens judaïsants, d'origine païenne, mais tentés par certaines doctrines ou pratiques du judaïsme.
L'étude de toutes ces données est d'autant plus ardue que le christianisme de la Grande Église s'est formé au fur et à mesure de son éloignement des réalités juives. Avant 70, en effet, comme l'a bien montré R.E. Brown - que suit l'A. -, le christianisme était un courant intérieur au judaïsme, rassemblant les chrétiens tant d'origine juive que païenne, et cela face aussi bien aux autorités juives qu'aux autorités politiques romaines. Après la destruction du temple et la prise de Jérusalem, le christianisme est progressivement sorti du judaïsme. Entre 70 et 100, les juifs chrétiens, peu à peu marginalisés de l'intérieur et de l'extérieur, furent exclus les uns de la Synagogue, les autres de l'Église. Cela finit par aboutir à l'éclatement des communautés chrétiennes d'origine juive en plusieurs groupes: les nazaréens, qui demeuraient en relation avec l'Église et étaient des pétriniens et des jacobiens propauliniens; les ébionites et les elkasaïtes, qui demeuraient davantage attachés à la Synagogue et étaient des jacobiens antipauliniens proches, semble-t-il, des juifs esséniens. La difficulté que suscite l'identité de ces judéo-chrétiens, du fait de leur caractère mixte, fut la cause principale de leur renvoi, en quelques siècles, dans les ténèbres de l'histoire.
Sur tous ces groupes, sur la documentation disponible, sur leur histoire et leur littérature, sur les données archéologiques, cet ouvrage pluridisciplinaire, rassemble les travaux récents de l'A. et des contributions déjà publiées mais largement revues. On n'y trouvera donc pas une synthèse, mais un copieux dossier pour une recherche future. On notera les chapitres sur l'histoire et les perspectives concernant les études du judéo-christianisme ancien. L'auteur remarque lui-même qu'entre sa présentation du judéo-christianisme, au début du volume, et celle des perspectives actuelles de la recherche, ses idées ont passablement évolué. Une relecture de ce dossier, en fonction de critères plus affinés, s'impose donc. Il faut espérer que l'A. nous la donnera sans tarder. - H. Jacobs, S.J.

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