Le second signe de Cana. Étude exégétique et théologique de Jn 4,46-54

Michel Segatagare Kamanzi
Holy Scripture - reviewer : Yves Simoens s.j.

L’étude vient combler une lacune dans l’exégèse du quatrième évangile. La guérison du fils de l’officier royal en Jn 4,46-54 a été longtemps alignée sur ses parallèles synoptiques, sur le commencement des signes à Cana en Jn 2,1-12 et sur la rencontre entre Thomas et le Ressuscité en Jn 20,24-29. La brièveté du récit, dans un premier chapitre copieux, un peu disproportionné par rapport à l’ensemble de l’œuvre, brosse l’histoire de l’exégèse ancienne et moderne à son sujet, à l’instar de l’évangile johannique tout entier. En ce qui concerne l’exégèse contemporaine, la place accordée à M.-É. Boismard et ses critiques (p. 115-140), dans le prolongement de R. Bultmann, atteste l’importance de ce moment et sa relativité actuelle en fonction de l’essor pris par la synchronie et la narratologie. Le chap. II, plus bref, se penche sur les parallèles synoptiques et les données de la source Q. Le bilan en est plutôt négatif. Il permet d’orienter la suite du travail en favorisant la prise en compte du contexte johannique de la péricope en question. C’est ce qui fournit son objet au chap. III. Trois entrées permettent d’approfondir l’interprétation théologique du texte : selon l’analyse historico-critique, l’analyse narrative et l’exégèse typologique. La première analyse se trouve encore subdivisée en « critique textuelle », « texte et contexte », « analyse syntaxique ». Celle-ci procède aussi à une analyse lexicale de la péricope. Plusieurs observations intéressantes portent sur l’adjectif basilikos, les verbes legō, zaō et surtout pisteuō. L’analyse syntaxique du v. 48 fournit encore de précieuses informations (p. 244-258) sur l’emploi de la seconde personne du pluriel, sur « signes et prodiges » avec références enrichissantes à l’Ancien et au Nouveau Testament, pour se terminer sur une analyse sémantique, notamment à propos de la filiation. Les implications du texte inclus dans les limites « De Cana à Cana » seraient sans doute plus convaincantes si cet ensemble avait été mieux situé dans la macrostructure de l’évangile, peu prise en compte. L’analyse narrative puis l’exégèse typologique s’en trouvent réduites à l’essentiel avec pertinence et clarté. La conclusion du chapitre puis la conclusion générale facilitent la perception des acquis de la thèse, avec une mention spéciale à l’adresse du lecteur africain. Une bibliographie substantielle clôt le volume.

Dans le « commencement des signes » (Jn 2,11), le signe est requis pour croire. Dans « le second signe » (Jn 4,54), croire est nécessaire au signe. Les deux principes complémentaires dans ce seul décompte des signes valent pour d’autres organisations littéraires possibles du texte. Cette étude pénétrante confirme l’axe johannique majeur d’une manière de « croire » qui consiste à « être engendré » de Dieu » (Jn 1,13). — Y. Simoens s.j.

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