Professeur de liturgie et des rites à l'Institut de Paris, Monique
Brulin a bâti sa thèse sur la «manifestation vocale dans le culte
au XVIIe s. en France». Le culte chrétien essaie de concilier
parole-intelligence-coeur et la liturgie glorifie Dieu en
sanctifiant les hommes dans le Christ, pourvu que les chrétiens
harmonisent l'âme avec la voix. M.B. désire montrer que la voix
n'est pas seulement support de sens et transmission de pensée, mais
aide encore à prendre part à une expérience de portée théologique.
Le XVIIe s. est étudié dans son contexte de restauration catholique
après le Concile de Trente. S'appuyant sur l'abondante littérature
de l'époque, elle part des pratiques officielles de la liturgie,
des rituels, des graduels, etc. Sans prétendre à l'exhaustivité,
elle utilise un assez large échantillon de documents, qu'elle cite
abondamment, et s'attarde particulièrement à L. Thomassin, P.
Nicole et Port-Royal, J.J. Duguet, Mme Guyon, Bossuet, F. Guilloré,
Fénelon, J. Hamon, J.L. Le Cerf, G.G. Nivers, P.P. Benoît. À
travers eux, elle découvre une forte demande de liberté religieuse
intérieure, dont le quiétisme et le goût du silence dans la prière
seront des manifestations avec la question de l'oraison mentale et
un regain de méfiance augustinienne à l'égard du sensible.
L'intéressent particulièrement le jeu vocal dans le culte, la
musique, le pouvoir du chant et le retour du plain-chant avec leurs
enjeux théologiques. Souvent elle constate que la pratique a
précédé la pensée théologique et permet d'intégrer l'expérience
intérieure dans la réflexion théorique.
Sa conclusion affirme qu'«il y a un usage théologal de la voix qui
donne au culte chrétien toute sa vérité» et que «le chant joue un
rôle à la fois conducteur de l'émotion et régulateur de celle-ci».
Mais trop souvent on s'est méfié du pouvoir de la musique jusqu'à
la négliger ou même à la mépriser. Pareille thèse fait progresser
dans l'intelligence de la liturgie. - G. Leclair.