L'A. est l'un des quatre évêques ordonnés par Mgr. L. le 30 juin 1988. Voilà qui suffit à indiquer l'orientation fondamentale de l'ouvrage, lequel sera sans doute considéré comme la biographie «officielle» du prélat, presque comme son procès de canonisation… à usage interne. On pourrait d'ailleurs se contenter de le présenter en disant: on peut s'improviser hagiographe, mais pas historien. Expliquons-nous: dès les premières pages, le lecteur se trouve devant une résurrection du style hagiographique du 19e siècle, comme si le temps s'était arrêté. L'ouvrage est-il pour autant sans intérêt? Loin de là, mais certainement pas dans le sens où ses commanditaires l'espèrent. Suivant fidèlement la chronologie de la carrière du prélat, qu'il est inutile de rappeler ici, il met bien en évidence, grâce notamment à un bon nombre de citations et de documents, la «mécanique» qui conduisit à la rupture avec Rome, mais sous un angle d'approche qui laisse entendre que, d'emblée, tout était joué, comme si l'histoire obéissait au déterminisme le plus absolu (même s'il faut bien reconnaître que le milieu familial, fort «traditionnel», façonna le jeune M.L. de manière pour le moins contraignante et que l'influence d'un Le Floch, au séminaire français de Rome, en pleine affaire de l'Action française, n'était pas faite pour assouplir une nuque aussi raide).
Il n'est pas question de mettre en doute la «foi» de Mgr L., ni son désir de servir Dieu et l'Église, pas plus qu'on ne peut mettre entre parenthèses les difficultés qui ont suivi Vatican II, ni encore nier que les questions posées par l'évêque - telles la liturgie, point fondamental puisqu'il s'agit de la première manière dont l'Église enseigne, ou la liberté religieuse - étaient purement secondaires et ne méritent pas encore de nos jours une sérieuse attention. Mais il apparaît très clairement au fil de l'ouvrage que Mgr L. a adopté une attitude de base qui consista à «garder», à «maintenir» une «tradition», ignorant complètement la mission de l'Église qui ne peut se vivre que dans des conditions concrètes, et analysant les situations à travers des prismes qui ne manquaient pas de pertinence à certains moments, mais qui ne sont plus parfaitement adéquats parce que ces situations ont pris des accentuations différentes avec le temps. On en trouve un exemple frappant dans la dénonciation mille fois répétée du «modernisme», qui s'en tient à l'analyse de Pie X. Cela ne pouvait qu'entraîner Mgr L. et ses adeptes, dans une incapacité à «construire», à réfléchir la foi et donc à la prêcher en fonction du moment présent et pas uniquement à la lumière du passé. - B. Joassart, S. J.

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