Nous assistons à la résurgence de fortes affirmations d’identité religieuse alors même que se globalisent les contacts et les échanges et que s’intensifient les mouvements de populations : exodes vers les grandes villes, migrations, vagues de réfugiés. Quels germes d’intolérance et de violence les religions – les monothéismes en particulier – abritent-elles et quelle peut être leur contribution à notre commune humanité, tant au plan local ou régional que mondial ? Symboliquement, la notion de « voisin » ou de « prochain » est le fil rouge qui traverse la dizaine d’exposés présentés lors d’un colloque organisé par deux facultés protestantes : l’Institut de théologie interculturelle de Hermannsburg (Allemagne) et le United Theological College de Bangalore (Inde).

Plusieurs communications examinent les évolutions récentes des rapports entre culture, identité nationale et tradition hindoue ainsi que les inquiétudes des minorités chrétiennes en Inde. Sur le versant allemand, signalons la montée d’une rhétorique d’extrême-droite traduisant la hantise d’une perte d’identité (nationale allemande mais aussi européenne « chrétienne » face à l’islam) ainsi que, par ailleurs, les questions pastorales et théologiques soulevées par l’organisation de célébrations occasionnelles (dans une école, dans un quartier…) auxquelles prennent part tant des chrétiens que des musulmans d’origine turque et des personnes sans affiliation religieuse. Mais d’autres situations de par le monde sont également évoquées : la main d’œuvre philippine en séjour précaire à Hong Kong, la communauté d’origine indienne et hindoue au Suriname et aux Pays-Bas, le regard d’une femme noire sud-africaine sur les rapports homme/femme dans les communautés luthériennes. Un éclairage biblique est proposé notamment à partir de Joseph en Égypte et du livre de Jonas. — J. Scheuer s.j.