Mystique rhénane et Devotio moderna
(dir.) Marie-Anne VannierSpiritualiy - reviewer : Marie-Gabrielle Lemaire
Les diverses études ici rassemblées s'interrogent sur la transmission de la mystique rhénane à la devotio moderna, le passage de l'une à l'autre avec ses parts d'assimilation, de transmutations ou de prises de distance. C'est l'Imitation de Jésus-Christ qui a fait s'imposer la DM au moment même où la mystique rhénane allait être marquée d'un interdit dont elle ne s'émancipera que dans les années 1950, ce qui, précisément, ne l'a pas empêchée d'exercer son influence. Ce recueil de 16 articles implique diverses disciplines, langues et institutions pour mieux comprendre comment, à l'intérieur d'un paradigme augustinien commun, on est passé de la mystique eckhartienne à la dévotion moderne. Il faut d'abord expliquer les deux termes en présence et les questions à poser (1-2). Les liens et distinctions entre l'une et l'autre sont ensuite abordés sous l'angle de la transmission des textes, notamment via Henri Suso jusqu'à Geert Grote, l'interprétation de Ruysbroeck et la comparaison de la souffrance dans l'Imitationet chez Eckhart (3-7). Il s'avère que c'est la compilation issue de Jean Tauler qui a servi de principal vecteur de transmission de la mystique rhénane, surtout en Espagne (8-9). D'autres, comme Jan van Leeuwen, ont plutôt contribué à en fausser la réception (10). En revanche, L'Horloge de la Sagesse d'Henri Suso présente Eckhart comme étant véritablement Lesemeister et Lebemeister, tout en ouvrant en fait la voie à la DM (11-12). Ici un rapprochement est suggéré avec la situation des béguines (13). Le cas particulier de Thomas a Kempis devait être considéré de plus près dans cette question de l'imprégnation de la mystique rhénane dans la DM (14), notamment dans sa prédilection pour l'intériorité (15). Un dernier article montre comment au xixe s. on assiste chez Ignaz Paul Vital Toxler à une relative assimilation de la mystique rhénane à la DM comme traitant toutes deux du caractère surnaturel de l'homme intérieur. - M.-G. Lemaire