Nous, mères qui sommes sur terre. 12 femmes témoignent des richesses de la maternité

(dir.) Pierre Durieux
Spiritualiy - reviewer : Alain Mattheeuws s.j.

Ce livre est comme le complément de celui paru en 2022 qui affirmait qu’on ne naît pas père, mais qu’on le devient (Nous, pères qui sommes sur terre, cf. NRT 145, 2023, p. 152). Pour les femmes également, mais dans une mesure très différente, la conception, la grossesse et l’enfantement ne suffisent pas comme actes explicites de maternité. La maternité est plus large et les expériences féminines en sont très différentes. La maternité est un engagement. 12 femmes en témoignent.

On peut être mère par choix, par désir ou par surprise. La chair parle de manière éloquente mais elle n’efface ni la condition féminine ni la décision libre, consciente et finalement ferme d’acquiescer à toute maternité. De tous ces récits se dégage une force « qui transporte les montagnes ». La foi en Christ apparaît d’ailleurs au fil du temps. Une mère Abbesse nous dit aussi ce qu’elle comprend de sa maternité spirituelle. La maternité est un exode de soi et mène à « chercher » un Amour toujours plus grand pour permettre la circulation silencieuse et tangible de l’amour dans le monde. Le plus souvent ces mères confient leurs enfants à plus grand qu’elles sans faire l’impasse cependant de la présence du père, sauf s’il a disparu. Ce sont surtout les situations originelles des petits enfants qui sont présentées : elles sont lumineuses. Un autre livre serait appelé à développer en profondeur comment la paternité et la maternité demeurent présentes pour leurs enfants adultes.

Les épreuves à affronter pour ces femmes ne sont pas nouvelles, mais elles prennent une ampleur plus dense lorsqu’elles sont réunies à travers divers témoignages actuels : infertilité temporaire ou définitive, deuil périnatal, handicaps, maladies, mépris et inadaptation culturelle, pauvretés et misères. La lecture des témoignages force l’admiration et plonge tout lecteur (surtout masculin !) dans un respect et une ouverture à la réalité de la condition de la femme qui assume son (ses) enfants. On y découvre un enjeu anthropologique de civilisation. « Mon expérience de grossesse contrariée m’offre un fruit : celui de comprendre l’attente. Et c’est bien un thème que chaque mère du monde connaît. On attend nos enfants tout le temps… » (p. 64).

Quand on a plusieurs enfants, de sang et adoptés, on découvre que « les différences, ce sont les mots qui les créent, le cœur, lui, ne voit que de l’unique. En tout » (p. 83). Celle qui vit la maternité en sérénité, nous livre son secret qui est la prière : « J’enfante parce que je suis enfantée. Là se situe la source de la sérénité de l’être humain. (…) Par là tout devient normal, surtout l’extraordinaire » (p. 120). Puis cette même maman parle d’un instant particulier : « un infime morceau de temps juste après la naissance et la délivrance ; un tout petit espace temporel où se déploie un immense bien-être physique. (…) Ce n’est pas de la jouissance, ce n’est pas bizarre, il s’agit d’un temps de plénitude très très profond, très très calme, très très doux » (p. 122). Cette révélation en quelques instants, dit à la mère qui elle est en tant que femme. Il suffit de contempler la vie de Marie, la mère de Dieu, pour vérifier que toute maternité est transie à la fois de joie et de peines. L’enfant qui naît, dit toujours à sa mère ce qu’elle est. Ce devenir « mère » n’est pas lié seulement à la naissance mais il parcourt toute une vie avant de se transformer dans l’éternité. Ce livre fera beaucoup de bien. — A. Mattheeuws s.j.

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