Beaucoup de la structuration textuelle du quatrième évangile comme
de toute grande oeuvre dépend de l̓opération du découpage initial.
Cette étude opte en ce sens pour une division en trois parties:
après le Prologue, Jn 1, 19 - 4, 54; 5, 1 - 17, 26; 18, 1 - 21, 25.
Nous ne pouvons qu̓applaudir au souci d̓unir les chapitres sur la
Passion et la mort de Jésus à ceux qui sont consacrés à la
résurrection. Force nous est pourtant de reconnaître que l̓A. en
revient dans ses analyses à des perspectives beaucoup plus
classiques et contestables avec un regroupement d̓abord de Jn 18 et
19, où ni le découpage ni la structuration interne ne convainquent
vraiment, puis de Jn 20 et 21, où la structuration concentrique des
deux chapitres réunis en une seule unité textuelle est forcée et
nous semble vouée d̓entrée de jeu à l̓échec. On peut comprendre les
liens établis de 1, 19 à 4, 54, notamment sur la base du témoignage
de Jean (la terminologie du «nouveau temple» n̓est pas heureuse).
Mais envisager Jn 5 à 17 comme un tout expose à des
simplifications. La subdivision selon Jn 5-7, 8-12 et 13-17 conduit
en elle-même à des remaniements nécessaires du découpage initial.
Malgré toute l̓importance de Lazare dans l̓économie générale du
texte, en rapport avec les récits de la résurrection, la fin de Jn
12 marque une césure trop forte pour ne pas être respectée comme
une transition majeure vers la Passion qui commence en Jn 13. On ne
peut que se féliciter en revanche de voir intégré Jn 7, 53 - 8, 11
dans une perspective synchronique à l̓ensemble du texte en son état
définitif, n̓en déplaise aux critiques qui restent esclaves de
considérations diachroniques quand ils veulent écarter cette
péricope dans une vue d̓ensemble de Jean. Il convient de respecter
la complémentarité des angles d̓approche et l̓A. a raison sur ce
point.
Mise à part la décision d̓introduire une coupure entre 16, 4a et
16, 4b, on ne peut qu̓être d̓accord aussi avec la prise en compte
de l̓unité du ch. 13, ce qui fait apparaître l̓unité de Jn 14 et,
par voie de conséquence, une structure tripartite pour le discours
de la Cène. Jn 17 atteste ainsi un rôle conclusif, parallèle à
l̓ouverture de la dernière Pâque ménagée par Jn 13. Le rôle central
de Judas est perçu (13, 1-38, p. 171, et non 13, 1-39: ce n̓est pas
le seul exemple d̓erreur de ce type), mais selon nous, il n̓est pas
purement et simplement «le fils de la perdition». Par contre, dès
qu̓il s̓agit des structurations de détails, les questions se
multiplient. Comme souvent, pour Jn 17, l̓accord peut se faire sur
le début (vv. 1-5) et la fin (vv. 24-26). La structuration interne
des versets intermédiaires nous paraît arbitraire et basée sur des
rapprochements plus conceptuels que littéraires.
Ce travail minutieux, long et documenté marque une étape dans
l̓examen de la structure du quatrième évangile. Il appelle des
approfondissements et des nuances selon sa propre méthodologie.
Aucune autre ne s̓en trouve pour autant exclue, selon des objets
formels et des instruments d̓analyse différents. Mais il est vrai
que l̓interprétation de fond peut conditionner des décisions sur la
formalité du texte. Cette dimension herméneutique semble un peu le
parent pauvre de l̓entreprise. - Y. Simoens, S.J.