« Livre. Quel qu’il soit, toujours trop long. » Clairement, cette définition satirique par Gustave Flaubert ne s’applique pas au livre très court et en petit format que Ludovic Nobel (prêtre ainsi qu’enseignant du NT à l’Université de Fribourg, Suisse) nous présente au sujet pertinent de Paul et l’esclavage.

Après l’introduction (p. 7-9), le livre est subdivisé en quatre parties. D’abord, l’esclavage à l’époque de Paul est traité (p. 11-31) en se focalisant sur la situation des esclaves dans l’Empire romain (p. 11-24) et dans le judaïsme (p. 24-31). Puis, Nobel se tourne vers l’épître de Paul à Philémon (p. 33-50) afin d’apprendre comment l’apôtre s’est « positionné face à la difficile question de l’esclavage » (p. 33). Ensuite, quelques autres écrits de Paul (à savoir les trois passages Ga 3,26-28 ; 1 Co 7,17-24 et 12,13) sont examinés en ce qui concerne son point de vue sur l’esclavage (p. 51-57). Enfin, Nobel conclut son livre avec un « essai de synthèse » (p. 59-63). Sous le titre « Pour poursuivre l’étude », l’A. mentionne encore brièvement quelques études complémentaires (p. 65) dont sa thèse de doctorat publiée Paul, Onésime et Philémon : Maîtres et esclaves libres (Sarrebruck, eue, 2012).

Voici les résultats principaux du livret ici recensé : comme Nobel le constate à propos de Paul, « son attitude face à l’esclavage demeure bel et bien ambiguë » (p. 60-61). En ce qui concerne l’épître de l’apôtre à Philémon, Nobel avoue : « Paul n’exige pas, du moins de manière directe, la libération d’Onésime (…). De la même manière, il ne condamne ni ne remet explicitement en cause la pratique de l’esclavage. De plus, Paul, en proposant qu’Onésime le serve à la place de Philémon, reconnaît implicitement le lien maître-esclave qui existait entre les deux » (p. 43). Cependant, du côté positif, selon Nobel, le but de Paul pour Philémon et Onésime était de « remplacer le rapport maître-esclave par la communion et la fraternité » (p. 41) ; « il [Paul] souhaite (…) qu’au sein de la communauté chrétienne, tous les membres et donc aussi les esclaves soient traités et considérés comme des frères libres et égaux » (p. 45).

En résumant tous les textes pauliens traités, Nobel constate : « [l]e discours de Paul n’est donc d’une certaine manière ni nouveau, ni révolutionnaire » (p. 60). À la question évidente et légitime « Paul n’aurait-il pas pu aussi (…) interdire la possession d’esclaves aux membres des communautés qu’il avait fondées ? » (p. 61), Nobel répond, entre autres, comme suit : « Condamner ouvertement l’esclavage aurait été perçu comme un signe de défiance par Rome. Les conséquences pour l’apôtre et la jeune communauté chrétienne auraient probablement été tragiques : menaces, persécutions et mise à mort. Impuissant face à ce colosse qu’il ne peut réformer, Paul choisit plutôt de se lancer dans une révolution des cœurs et des mentalités (…). La fin de l’institution de l’esclavage est ainsi comme contenue en germe dans les écrits pauliniens » (p. 63).

« Tout ce qui est exact est court. » Il va de soi que ni cette constatation de Joseph Joubert ni sa formulation vice-versa est toujours correcte. Bien qu’il soit une introduction utile au problème de Paul et l’esclavage, le livre court de Nobel contient un nombre considérable d’inexactitudes. Contrairement à ce que déclare Nobel (voir p. 17 et 30), 1. déjà au ier s. après J.-C., il y avait des lois romaines en faveur des esclaves (Digesta 48,8,11,2 ; Suétone, Claude 25,2 ; Domitien 7,1) et 2. il n’est pas clair si les Esséniens n’avaient vraiment pas d’esclaves (voir le Document de Damas 11,12). En plus, Nobel ne mentionne pas les Thérapeutes qui, eux, certainement n’avaient pas du tout d’esclaves (Philo d’Alexandrie, De vita contemplativa 70). Enfin, la collection des textes pauliniens étudiés par Nobel est un peu limitée. Il ne se réfère pas, p. ex., au verset pertinent 1 Tm 1,10 où les andrapodistai, c.-à-d. les « marchands d’esclaves », sont condamnés.

Nobel se réfère à l’épître de Paul à Philémon avec le terme « billet » (p. 33) et, donc, souligne la brièveté de cet écrit. Vu la brièveté de son propre petit livre, Nobel a réussi à nous présenter une introduction très compacte au sujet de Paul et l’esclavage. — B. Paschke

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