Ces entretiens de l'Abbé Christian Laffargue avec Annie Laurent
décrivent le parcours d'un prêtre, de son entrée à Écône (où il est
ordonné en 1979) à sa rupture avec Mgr Lefebvre en 1988, puis à son
insertion dans la paroisse rurale où il exerce actuellement son
ministère. Dans cette autoconfession d'une grande dignité, l'auteur
ne cache ni ses hésitations, ni les épreuves par lesquelles il est
passé, ni les points qui continuent à lui faire difficulté dans
l'Église qu'il a rejointe. Il ne serait que trop facile de faire
remarquer les faiblesses de certains points auxquels il tient.
Durant le premier millénaire, toutes les Églises ont, sans
problème, adopté la langue du pays où elles se répandaient. Ce
n'est qu'après le Concile de Trente et par un durcissement de ses
textes, que l'Église romaine s'est accrochée au latin. On pourrait
faire des remarques analogues pour la communion dans la main
(pratiquée par le Christ à la Dernière Cène), pour la «blanche
hostie» (totalement inconnue de la liturgie byzantine), le port de
la soutane (imposée il n'y a guère plus d'un siècle), etc. S'en
contenter serait manquer de respect au témoignage, émouvant dans sa
sincérité, de la souffrance de ce prêtre et de son amour pour
l'Église. Ce serait surtout passer à côté du vrai problème posé par
Vatican II et toujours actuel. Nous n'oserions affirmer que
l'auteur s'en rend pleinement compte. Dans Le paysan de la
Garonne, Jacques Maritain écrivait (nous citons de mémoire):
«Quand les barrières craquent, ce sont les petits fous qui se
précipitent les premiers». Ce n'est pas faux, mais largement
incomplet. Il y a aussi ceux qui s'efforcent de les réparer et de
s'abriter de nouveau derrière elles. Il y a surtout la foule de
ceux qui avancent sur la route désormais ouverte, à la suite de
Celui qui est la voie, la vérité et la vie. Non sans nostalgie pour
les richesses d'un passé prestigieux, ils perçoivent que les
questions d'aujourd'hui appellent plus que les réponses hier
valables et ils s'efforcent, avec plus ou moins de succès, de
travailler à les résoudre. Tel est, croyons-nous, l'enjeu de
l'après-concile. - L. Renwart, S.J.