Pour l'avenir du monde. La résurrection revisitée
A. MyreHoly Scripture - reviewer : Jean Radermakers s.j.
La 1re partie est bien l'oeuvre d'un bibliste qui tient compte de l'anthropologie biblique: images du temps et de l'espace, constitution trine de l'être humain: corps vivant, âme et souffle. Viennent alors les textes de la première Alliance parlant de résurrection, les récits des évangiles, des épîtres de Paul et de Pierre présentant le Christ ressuscité, prémices d'un «nouveau cosmos». La 2e partie s'attache à la réalité présente: question de l'au-delà pour nous et sens de notre espérance: «Pour l'avenir du monde». Cette partie réflexive est plus difficile à suivre. L'A. nous montre «l'Église hors-les-murs», dérivée de l'ancienne institution, qui a abandonné l'expression cultuelle de sa foi pour s'ouvrir à une autre réalité. Faisant pivoter son lecteur, il repense temps et espace sur un mode inédit, et l'être humain conscient d'être «radicalement mortel» (p. 220). Sa foi consisterait dans le dynamisme d'une lignée (ou ligne) remontant à la naissance de la conscience humaine où s'avère la conviction qu'il est bon d'espérer. Parler d'au-delà n'a de sens qu'ici bas. Il n'est dès lors pas nécessaire de savoir ce que sera la résurrection, mais bien de découvrir ce qui nous y conduit: «Paradoxalement les humains se parlent d'avenir pour mieux découvrir comment vivre leur présent» (p. 236). Quel sens a notre vie, sinon d'ajouter du sens à celles de nos prédécesseurs (p. 241). Ainsi nous suffit-il de vivre en transparence dans cette cassure que produit l'universalisation…
On comprend la perspective généreuse de l'A. aspirant à vivre «pour l'avenir du monde», et sa proposition est séduisante. Mais cet «au-delà» pourra paraître bien abstrait ou vaporeux à un certain nombre de lecteurs. Les textes bibliques et évangéliques auraient-ils perdu de leur mordant? Au fond, n'y aurait-il pas plus de sens à retrouver le vocabulaire de la tradition, plus sensible, peut-être, et plus imaginatif, certes, mais somme toute et malgré tout plus fiable dans son expression et son lien à la personne du Christ? - J. Radermakers sj