Avec son expérience de thérapeute de couples et de familles et sa vie ecclésiale à l’Emmanuel, Bénédicte Lucereau nous offre un livre de sagesse. Cette sagesse est à la fois théorique et pratique : elle fait appel au bon sens et à des compétences adéquates, aux questions posées régulièrement, aux ressources humaines et spirituelles disponibles dans le couple. L’accent est mis principalement sur ces réflexions de sagesse inspirées parfois aussi par la richesse du sacrement de mariage.

Le livre est centré sur le mitan du couple (chap. 2) comme étape ordinaire à affronter à partir de ce qu’est chaque membre du couple (chap. 1). Les questions sont nombreuses et permettent à la fois de mieux se connaître et de prendre conscience du vécu. Cette relecture de la vie du couple et de la vie dans le couple est une pédagogie précieuse pour l’époux et l’épouse. Elle permettra en liberté de prendre parfois un nouveau départ car la vie du couple a des saisons. Comment vivre heureux dans l’automne ou l’hiver d’une relation conjugale ? Comment affronter non seulement les défis mais aussi les crises de la relation ? La vie affective et sexuelle du couple n’est pas oubliée (chap. 3) : ces passages ouvrent un horizon vrai pour toute vie à deux. Paradoxalement, ces réflexions pourraient d’ailleurs éveiller de justes attitudes pour la vie sexuelle de jeunes couples ! Car le temps est un mystère pour l’amour : les années passent en vérité si l’amour est bien le moteur de la vie commune des époux.

Le plus beau chapitre aborde la réalité de « la miséricorde au mitan de la vie » (chap. 4). Car le temps qui passe permet un réaménagement des relations : les générations apparaissent avec leur spécificité, leurs joies, leurs réconciliations. Trouver la bonne distance générationnelle, c’est exercer et vivre de la miséricorde : les parents vis-à-vis de leurs propres parents encore en vie et les parents face à leurs enfants et petits-enfants. Le temps peut être un lieu privilégié d’une miséricorde active. Il est vrai qu’il convient de veiller à se voir de temps en temps pour goûter cette joie ! Ces années du « nid vide » sont appelées à être fécondes par l’abandon des attentes déçues, par l’accueil de plus en plus inconditionnel de la personnalité de l’autre et des autres. La fusion n’est plus alors de mise ni une illusion de l’amour conjugal, mais la tendresse fleurit dans toutes les pensées et les actes de cette nouvelle période. Le sacrement de mariage lie les époux jusqu’à la mort de l’un d’entre eux. Mais ce lien traverse la mort. Dans le mariage, la charité peut envelopper de plus en plus profondément tout l’univers familial. C’est à la fois possible et livré à nos libertés personnelles. C’est de plus une grâce à demander et à accueillir jusqu’au dernier souffle. — A.M.