Depuis plusieurs années, la collection «Signes des temps» a
entrepris d'étudier de près le renouveau missionnaire mis en route
pendant et après la Seconde guerre mondiale, en particulier en
recueillant les témoignages d'acteurs du moment. Parmi ces derniers
il y eut les prêtres-ouvriers. Inutile de faire de longs rappels:
ce fut là une expérience qui donna lieu à une crise dure et
douloureuse pour beaucoup. Les deux ouvrages que voici font partie
des témoignages que les responsables de la collection tentent de
réunir pour mieux comprendre cette crise. Ils se présentent
globalement sous la forme d'une autobiographie. Nés respectivement
en 1921 et 1924, P.V. et B.C. étaient d'origine très modeste et, au
sein de leur vocation sacerdotale, ils eurent rapidement le
sentiment que celle-ci devait être vécue plus particulièrement dans
le monde ouvrier. Les difficultés ne leur furent pas épargnées et -
sans que l'on puisse entrer ici dans le détail -, tous deux ont
continué à être ouvriers et à assumer des engagements syndicaux,
quittant, pour faire bref, l'état ecclésiastique. Il n'est pas
facile de lire et encore moins d'apprécier de tels documents. Il
s'agit avant tout de témoignages «personnels», qui sont également
des «relectures» de toute une vie et qui présentent un aspect
«émouvant» (dans le bon sens du terme). En même temps, ils mettent
en présence de réalités plus larges: action «missionnaire» de
l'Église dans un milieu spécifique, rencontre de l'Église avec
l'athéisme et l'un de ses frères privilégiés du moment, le
communisme, rapports entre foi chrétienne et politique et
syndicalisme…, sans oublier les problèmes proprement humains. À ces
divers titres ils méritent bien évidemment d'être lus avec respect
et attention, étant entendu que le plus grand nombre possible de
tels témoignages est souhaitable et même nécessaire, y compris de
la part de ceux qui n'ont pas pris les options des deux auteurs ici
retenus. - B.J.