C'est une longue histoire, complexe et mouvementée, que celle des
rapports entre musulmans et chrétiens, et cela, dès l'apparition de
l'islam. La déclaration conciliaire sur les religions
non-chrétiennes a ouvert le regard de nombreux chrétiens, et
d'hommes tout simplement, à la perspective d'un fructueux dialogue
sur le plan religieux et culturel. Ce beau livre, d'un fin
connaisseur de l'islam, père blanc d'Afrique, qui a vécu plus de
vingt ans en Algérie et en Tunisie, enseignant le droit coranique à
l'Institut d'islamologie de Rome (PISAI) et auteur de plusieurs
ouvrages sur la matière, nous trace ici le portrait de quatre
pionniers du dialogue islamo-chrétien. Une fort brève introduction
situe le propos à partir de l'histoire laborieuse des relations.
C'est d'abord Louis Massignon (1883-1962), homme de science et de
coeur, serviteur de Dieu aux vues prophétiques, premier témoin du
dialogue (p. 15-44). Vient ensuite Jean-Mohammed Abd-el-Jalil,
franciscain marocain, né à Fès et mort à Paris (1979), passionné du
mystère de Dieu en Jésus-Christ envoyé du Père aux nations du monde
(p. 45-74). Nous découvrons ensuite Louis Gardet, orientaliste
catholique et homme de dialogue, petit-frère de Jésus, mort
hémiplégique et asthmatique en 1978, savant islamologue et
contemplatif de l'Unique (p. 75-112). Enfin Georges Chehata Anawati
(† 1994), dominicain égyptien, directeur de l'Institut dominicain
d'études orientales du Caire (de 1953 à 1984), humaniste du
dialogue, entouré de disciples et de nombreux amis (p. 113-147).
Après ces portraits attachants, l'A. plein d'attention nous rend
l'éminent service d'y joindre une bibliographie complète de ces
«prophètes» (p. 148-249). Quatre figures merveilleuses de
persévérance et de charité, qui nous rapprochent de l'Unité du
Très-Haut et du Très-Bas. - J.R.