Religion et politique. Le christianisme, l'Islam, la Démocratie
J. RolletMorality and law - reviewer : Bruno Clarot s.j.
La démocratie et les droits de l'homme n'ont jamais existé en islam, car la culture arabe favorise le despotisme et la soumission à l'autorité. C'est le Coran qui détermine tout. Les Arabes ont remplacé la déclaration des droits de l'homme par une «déclaration islamique universelle» opposée à tout individualisme. Tiré de la Sharia coranique, le droit musulman est fixiste, il punit de mort l'apostat musulman et n'accorde pas à la femme les mêmes droits qu'à l'homme. Il y a obligation pour tous d'établir un ordre islamique. On observe pourtant une légère tendance réformiste en Iran, car le chiisme est plus ouvert que le sunnisme dominant.
Dans le christianisme, la claire distinction entre la transcendance divine et la création permet de ne pas confondre autorité divine et pouvoir politique, tandis que dans l'islam, le politique doit accepter la loi divine et il faut rester fidèle à l'islam des origines au plan politique, de même qu'à l'égalité communautaire. L'Église, elle, s'est montrée (tardivement) ouverte à la société moderne. «La foi chrétienne annonce une liberté placée sous le registre de l'espérance». Le rapport entre le religieux et le politique se situe au plan de la raison et de la volonté et pourrait devenir le lieu de rencontre entre christianisme, islam et démocratie moderne. L'islam prône la soumission totale de la raison et de la volonté à Dieu qui a parlé dans le Coran. On voit cependant s'ébaucher une évolution en Iran où existe un clergé et une hiérarchie.
Le christianisme semble s'accorder profondément avec la démocratie, l'État de droit, la supériorité de l'homme par rapport au pouvoir étatique. La reconnaissance de la dignité humaine doit beaucoup au judéo-christianisme, pour lequel l'homme fut créé par Dieu à l'image divine, mais avec une liberté qui, pour être bonne, nécessite une grâce divine. La modernité a heureusement réveillé dans le catholicisme l'importance de la foi et lui permet d'inspirer l'éthique dans une société démocratique.
C'est ainsi qu'on peut résumer approximativement les conclusions de ce livre qui nous aide à voir plus clairement l'enjeu des affrontements actuels. L'islam a encore à suivre la longue route que le christianisme a parcourue depuis l'époque de la «chrétienté». - B. Clarot, S.J.