Rosmini e l'idea di progresso

M.A. Raschini
M.A. Raschini, née en 1925 et décédée en 1999, a enseigné la philosophie «théorétique» (c.-à-d. l'épistémologie, la métaphysique) à l'université d'État à Gênes où elle a succédé à M.Fr. Sciacca. Son activité à été débordante. Elle a fondé à Gênes le département des Studi sulla storia del pensiero europeo, outre quelques institutions dédiées à l'étude des oeuvres de M.Fr. Sciacca; elle a créé la revue Filosofia oggi en 1978, et l'Arcipelago (une société internationale attentive à l'unité des sciences et de la philosophie) en 1990. Très proche de la pensée de A. Rosmini, elle a participé activement à la Rivista rosminiana et aux travaux du centre international des Studi rosminiani de Stresa (voir ses deux ouvrages Rosmini e l'idea di progresso et Prospettive rosminiane); elle a dirigé le centre de recherche du C.N.R. italien. Et elle a publié énormément, des textes spéculatifs, d'histoire (mais interprétée, relue, par exemple son Nietzsche e la crisi dell'Occidente, p. 11: l'«historicité de la recherche humaine […] est toujours, même quand elle le nie dans ses résultats, la transcendance de la vérité recherchée»), des textes qui s'intéressent à tout ce qui, en notre humanité, a un souffle long, la culture, la femme, l'enseignement (voir Pedagogia e antipedagogia). Ses travaux seront maintenant republiés en 22 volumes, sous la direction de P.P. Ottonello, son mari.
L'A. s'inquiète des dérives subjectivisantes de la modernité qui s'empare de la nature en niant toute valeur à l'objectivité (voir La filosofia dell'illuminismo et Gentile e il neoidealismo). L'idéalisme porte au nihilisme et au rationalisme, mais son destin n'est pas nécessaire. Une alternative est possible, qui relie le monde et la pensée à un principe transcendant. L'homme qui recherche, qui interroge le monde et soi-même, manifeste par là-même l'impossibilité de se contenter d'une immanence absolue. Il y a une «différence», dirait-on aujourd'hui, que manifeste l'acte de penser. «Notre savoir est certainement limité, il naît dans la contingence et oeuvre activement dans la contingence; il se meut dans la multiplicité qui donne lieu au devenir; mais en tant qu'il sait et selon ce qu'il sait, il ne se fonde pas sur la contingence» (Rosmini e l'idea di progresso, p. 83). L'acte de la pensée n'est cependant pas la raison de sa propre transcendance. De là un parcours métaphysique en direction de l'être, où la vie et la pensée trouvent leur sens, le sens. Rosmini avait dit que les choses les plus petites de notre existence ont un sens; l'A. n'a jamais oublié cette leçon, que le rationalisme prétentieux et le nihilisme glacé ne peuvent pas entendre. Tout a une finalité, mais de manière hiérarchique, selon l'interprétation que Sciacca donnait de Rosmini: «dans l'ordre de l'être, à aucune chose […] il ne faut donner un amour plus grand qu'à une autre qui appartient à un ordre supérieur». - P. Gilbert, S.J.

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