L'A. nous faisait naguère la confidence que son précédent volume intitulé L'avenir en face (cf. NRT 125 [2003] 641) était sa dernière publication. Il s'est heureusement désavoué en nous offrant ce nouveau livre: «recentrement sur l'essentiel», où il souhaite transmettre aux générations future des «semences»: série de libres méditations, nourries de sa longue et riche expérience, autour de la culture, de l'humilité, de la désillusion et de l'espérance. De la culture: «Comment, après cinq siècles de méfiance, réconcilier la foi et l'esprit scientifique» dont sont imprégnés nos contemporains? D'où, notamment, la nécessité d'une re-lecture poétique, «mythique», du livre de la Genèse. Dieu n'a pas créé l'univers à la manière d'un démiurge. Si, comme certains l'ont affirmé, la conscience a engendré Dieu, comment, au terme de 6 millions d'années d'hominisation, n'a-t-elle pas découvert, en présence du mystère des origines, que ce Dieu est «celui qui nous devance»? L'A. s'attriste aussi en constatant qu'«en divers domaines, on ait largement «refusé de faire éclore» ce que Vatican II avait en germe.
Dans cette perspective, il procède à une éclairante exégèse de ce propos d'Etty Hillesum qu'il avait déjà cité dans son précédent ouvrage, et qui connaît aujourd'hui un immense retentissement: «Nous allons t'aider, mon Dieu, à ne pas t'éteindre en nous». «Semence d'humilité», déclare-t-il: «L'humilité de la foi est à la mesure de l'humilité de Dieu. Humilité insondable de son silence; après qu'il ait parlé, de façon aussi indubitable qu'inattendue, en Jésus». «Semences de pardon»: n'avons-nous pas à réévaluer le sens évangélique du péché, au lieu d'en accabler nos frères? «Semences de prière»: ne consiste-t-elle pas essentiellement à «aider Dieu à être Lui-même en nous en vérité?». «Semences liturgiques»: «Que faire pour que la liturgie soit vraiment (selon l´étymologie de ce mot) l´oeuvre d´un peuple»?. «Semences sacrificielles»: «ôter son venin à une conception sado-masochiste du sacrifice» afin d´en révéler la réalité originelle: l´amour». «Semences sacerdotales», au sens du Nouveau Testament qui réserve le terme de sacerdoce à celui du Peuple de Dieu. «Semences de résurrection», où l´A. traduit ce qu´il a «entendu venant de Jésus parlant de sa mort». Et enfin: «semences pascales», extraites de ses prédications au cours d´un Triduum pascal. Et, pour conclure: «C´est notre foi de toujours qui nous a fait ouvrir de nouveaux champs de croyance et en fermer d´autres». - «Recentrement sur l´essentiel»: on ne peut que faire sienne cette expression de la quatrième page de couverture. - P. Lebeau sj

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