Les deux auteurs dont les noms apparaissent en couverture mettent
en forme le travail d'une équipe de plus de vingt personnes
(psychologues, thérapeutes, anthropologues…), sans compter nombre
de bénévoles actifs dans des associations d'aide aux victimes de
mouvements sectaires. À la demande du Ministère français de
l'Emploi et de la Solidarité, un programme de «recherche-action»
assignait deux objectifs: «procéder à la mise en place et au
fonctionnement d'un dispositif d'aide psychologique aux personnes
sortant de sectes» et, sur un plan plus académique, «dégager des
réflexions cliniques sur les relations entre adeptes et sectes»
(42). Tout au long du livre, la parole est donnée à des «sortants»
dont les récits illustrent une large diversité: âge et contexte
familial, parcours personnel, type de mouvement sectaire.
L'hypothèse de travail est que la structuration psychique des
personnes concernées ne les prédisposait pas à devenir les
«victimes» de sectes: il importe dès lors d'entreprendre avec leur
aide l'analyse des procédures (recrutement, endoctrinement,
pressions sexuelles ou financières…) qui permettent à ces
mouvements d'opérer la «capture d'âme». En participant à ce travail
de démontage, les «sortants» apprennent à reconstruire leur
autonomie et leur personnalité. Il n'est pas rare cependant que le
dispositif d'aide psychologique apparaisse aux «sortants» comme une
nouvelle forme de manipulation: alors que bien des «gourous»
s'improvisent thérapeutes et que des thérapeutes peuvent être
tentés de jouer au «gourou», il devient nécessaire de réfléchir à
ce qui distingue la dynamique sectaire et celle de la thérapie.
Études de cas et réflexions plus théoriques conduisent ainsi à
proposer des repères au plan de l'éthique professionnelle et à
formuler des propositions d'action pour des équipes
pluridisciplinaires d'aide aux «sortants». - J. Scheuer sj