La question du rapport entre l'expérience chrétienne et la
psychanalyse ne date pas d'hier. Freud a tracé la voie et, depuis
lors, bien des réflexions ont alimenté le débat. À la différence
d'explorateurs comme Beirnaert, Vasse, Bellet et d'autres encore
qui se situent principalement sur le plan de la pratique
analytique, le travail de R. Sublon vise à articuler théoriquement
les discours, celui de la théologie (fides quaerens intellectum) et
celui de l'inconscient. Telle est sa préoccupation première. En
effet, R.S. s'est aussi avancé dans les accointances entre le
parcours de l'analysant et le chemin mystique.Les études
rassemblées dans ce volume n'ont pas l'intention d'explorer
l'oeuvre de R.S. À partir de la perspective propre à chaque auteur,
ce sont autant d'hommages ou de saluts adressés à celle-ci.
Néanmoins, ce qui forme ainsi un recueil, n'est pas sans foyer,
comme le montre bien le maître-d'oeuvre R. Heyer. Ce foyer est la
question du sujet que convoquent aussi bien la théologie que la
psychanalyse. L'une et l'autre se croisent, là où le sujet est mis
hors de soi, par la révélation d'un côté, ou, d'un autre côté, par
l'effet d'être désirant. En quel statut se trouve ainsi mis le
sujet? Celui de sujet à croire. Au titre de témoin, ne disposant ni
de la vérité ni de sa vérité. En régime chrétien, comme le montre
L. Basset, sa crédibilité trouve son lieu dans l'intersubjectif, le
«moi qui suis» christique faisant naître le «je suis» de
l'autre.
La théologie prise à la lettre pourrait bien montrer sa vigueur
exploratoire. C'est ce que suggère, via la relecture eucharistique
de R. Sublon, la recherche sur l'anorexie de certaines mystiques et
celle qui décrit la delectatio morosa au croisement du discours des
moralistes et de l'érotique courtoise. Parlant, le sujet s'expose à
et en divers régimes de parole. Mais qu'est-ce que parler quand il
s'agit du droit, de la foi ou du salut chrétien?
R. Sublon ayant étudié le statut de l'institution, une quatrième
partie du livre s'interroge sur la tension jamais dissoute entre
messianisme et institution. Que devient ce messianisme à l'heure du
pluralisme dans nos sociétés? Qu'en est-il de la mystique? Ces
textes qui, discrètement, croisent l'oeuvre de R. Sublon, forment
un ensemble de réflexions denses, difficiles d'accès par endroits,
mais toujours intructives quant au thème.
Au sujet du sujet, on le devine, l'analyse est bien interminable… -
H. Thomas, O.S.B.