Il y a déjà 150 ans, l'oratorien Gratry disait à la fois son admiration et ses craintes devant la technique. Il ajoutait que, sans progrès moral, tout autre progrès est nul car la technique finira par détruire les personnes. Ajoutons que, dans la même ligne, Bergson écrivait vers 1930 que l'humanité a besoin d'un supplément d'âme pour pouvoir affronter l'avenir menaçant de la technique. Après avoir espéré pendant plus d'un siècle que la technique aboutirait à un monde plus heureux, l'humanité a mauvaise conscience, car elle voit que technique et morale doivent collaborer, mais elle craint qu'il ne soit déjà trop tard. En effet les progrès techniques comportent une ambiguïté et des dangers imprévisibles, pouvant aller jusqu'à la destruction de la vie sur terre. L'homme se sent impuissant devant ce processus qu'il a lui-même mis en route, comme un apprenti sorcier dépassé par les événements. Il ne s'agit pas de se décourager ni d'imposer un moratoire au développement technique, mais d'adopter une perspective morale solide. Nos espoirs reposent en définitive sur les qualités morales de nos contemporains.
Ce livre étudie les problèmes moraux liés à la technique sans prétendre fournir des normes rigides pour affronter une évolution quasi imprévisible. Gatti se contente de décrire les qualités et les orientations morales requises des chercheurs et techniciens, ainsi que leurs responsabilités face au développement galopant. L'éthique de la technique oblige à reconsidérer l'origine et la finalité de l'engagement moral. Pour finir, Gatti expose l'apport de la foi chrétienne en ces domaines nouveaux et ses espoirs pour l'avenir du monde. Les croyants, dit-il, ont quelque chose à proposer à cette culture pour justifier un engagement moral exigeant: les trésors d'une vision religieuse de la vie et de la réalité.
La technique tend à devenir plus ou moins consciemment une religion et à faire du progrès technique la fin suprême de l'humanité, celle qui résoudra tous nos problèmes. Le croyant, s'il est technicien, se sent lui-même divisé entre la recherche du bonheur ici-bas et du bonheur dans l'au-delà. Or, religion et technique ne s'excluent pas, car elles ne se situent pas sur le même plan. Le croyant doit obéir à sa conscience et y est aidé par la Parole de Dieu qui lui fournit des orientations qui restent à préciser dans chaque cas. En construisant un monde meilleur, le croyant a conscience de préparer le Règne de Dieu. La technique est à mettre au service des valeurs spirituelles de vérité, fraternité et d'amour comme le demande Gaudium et spes.
G. Gatti est salésien, professeur de théologie morale à l'Université salésienne de Rome. - B. Clarot, S.J.

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