Ce monumental commentaire représente un événement dans la
littérature johannique. Il fait désormais concurrence à celui bien
connu du regretté P. R.E. Brown, publié en 1966 et 1970 (cf. NRT 90
[1968] 680) dans la collection The Anchor Bible (n° 26 et 26A);
comme lui il comporte deux gros volumes et il est muni d'une longue
introduction de 330 p. Son A. a enseigné l'évangile de Jean aux
séminaires de théologie de Salisbury (N.C.) et de Philadelphie (PA)
ainsi qu'à l'Eastern Seminary. Il est connu surtout par ses deux
commentaires sur l'évangile de Matthieu et sur l'Apocalypse.
L'oeuvre qu'il présente maintenant est le fruit de longues années
d'un travail minutieux et patient. Sa documentation est
impressionnante tant en ce qui concerne la littérature moderne que
les commentaires anciens et les sources rabbiniques; sa
bibliographie comporte plus de 150 pages de texte serré et le seul
index des commentateurs contemporains - en majorité allemands et
américains, peu de français! - remplit plus de 30 p. en deux
colonnes. Nous nous réjouissons de cette mise à jour de
l'interprétation johannique.L'introduction touche la plupart des
problèmes posés par l'évangile de Jean: le genre littéraire, le
sens des discours, la question de l'auteur et les niveaux
rédactionnels de l'oeuvre, la comparaison avec les autres écrits
johanniques, le contexte social et la communauté johannique, le
contexte juif palestinien et le conflit avec la synagogue à la fin
du Ier siècle, le sens de la topographie et des fêtes, comme de
l'expression «les Juifs», la conception grecque perceptible dans
cet évangile, le sens des miracles et la fonction des signes, les
titres de Jésus et la christologie de Jean, les autres thèmes
johanniques. Le commentaire lui-même suit les péricopes dans leur
déroulement progressif, avec une abondance de références tant à
l'arrière-fond vétérotestamentaire et rabbinique qu'aux interprètes
modernes de l'évangile et aux sources hellénistiques; par ailleurs,
la patrologie et la tradition chrétienne ancienne brillent par leur
absence, de sorte que le souci encyclopédique semble parfois
l'emporter sur celui d'une vraie théologie spirituelle. Quoi qu'il
en soit, il ne sera plus possible d'interpréter l'évangile de Jean
sans se plonger dans cet ouvrage d'une valeur exceptionnelle. Nous
lui en sommes reconnaissants. - J. Radermakers sj