Trois oraisons funèbres,  éd.  et Sur les enfants morts prématurément

Grégoire de Nysse
History of thought - reviewer : Charles Scrive f.m.j.

Ce dernier volume de Grégoire de Nysse édité dans Sources Chrétiennes évoque le thème de la mort. Trois oraisons funèbres concernent trois personnalités bien connues de Grégoire alors présent à Constantinople. Le premier discours concerne l’évêque d’Antioche Mélèce, qui présidait le concile de Constantinople i et qui mourut à la fin du mois de mai 381. Frère de Basile, théologien et pasteur renommé, Grégoire de Nysse prononça ce discours, sans doute à l’invitation de Grégoire de Nazianze qui était alors l’évêque de Constantinople, et peut-être aussi à la demande de l’empereur qui l’estimait. Le second discours concerne d’ailleurs la fille de l’empereur, Pulchérie, décédée à l’âge de 6 ou 7 ans, vers 386. C’est à nouveau l’empereur qui sollicita Grégoire pour cette oraison funèbre. Le troisième discours concerne Flacilla, l’épouse de l’empereur qui décéda peu de temps après. Ce discours fut demandé par l’évêque Nectaire de Constantinople ; il fut prononcé à l’occasion d’une commémoration funéraire à l’automne 386.

Ces trois discours empruntent le style classique des éloges funèbres : après le prologue, éloge, lamentation et consolation se succèdent. Néanmoins Grégoire aura une certaine liberté quant à l’usage des modèles rhétoriques ; les procédés littéraires sont christianisés, donnant ainsi au texte une profondeur nouvelle.

Le contexte du combat pour l’orthodoxie nicéenne ressort dans deux de ces discours, notamment celui concernant Mélèce. Un des commentateurs envisage ce discours comme « un discours de politique ecclésiastique », faisant des funérailles « un événement politique au plus haut point ». Mélèce, bien que contesté par les Alexandrins et les Latins, devient ici un modèle d’orthodoxie pour ses contemporains évêques. Sur un plan plus politique, l’éloge de Flacilla et celui de Pulchérie mettent en évidence une éthique des impératrices chrétiennes.

Le traité Sur les enfants morts prématurément (déjà édité chez Migne en 1997) approfondit la question du sort des défunts en s’attaquant à un problème fréquemment traité par des auteurs païens : comment justifier l’inégalité des vies humaines, la longue vie des méchants et la mort précoce des enfants ? Grégoire répond selon une approche stoïcienne ; l’homme par nature a vocation à voir Dieu et à y trouver la béatitude ; seul un refus peut l’en priver. Cette conception, beaucoup plus optimiste que celle qui prévaudra en Occident, repose sur la providence divine et rappelle la finalité universelle de l’humanité : la vision de Dieu. — C. Scrive f.m.j.

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