Cet ouvrage rassemble différents articles et conférences de celui qui fut exarque du Patriarcat de Moscou pour l’Europe occidentale au xxe siècle : un surprenant témoin de la foi, initialement moine mais qui vécut si peu dans un monastère et qui fut médecin et prêtre ! Le premier texte, sur la vie monastique, est d’ailleurs très bien venu pour nous aider à comprendre son itinéraire si déroutant aux yeux des hommes mais si profondément unifié en Dieu quand il s’en explique : il y a là quelque chose d’un vrai sens de l’obéissance dans son sens étymologique d’écoute profonde des circonstances de la vie qui s’y joue.
Les articles spirituels se succèdent, mêlant réalisme et profondeur d’un regard toujours tourné vers Dieu : sur la paternité spirituelle, sur la paix intérieure et, surtout, sur ce qui fait un vrai fil rouge de l’ouvrage, sur la prière envisagée réellement dans ses enjeux pour l’homme d’aujourd’hui. D’autres questions en découlent : l’importance de nos rencontres et de l’amour pour nos frères, comment envisager le doute, la liberté chrétienne qui est travaillée selon les racines de ce mot dans diverses langues et ce qu’est réellement l’Église, « déjà là et pas encore ; présente, et pourtant encore à venir, plongée dans une tragédie, parce que tant que le monde entier n’est pas sauvé, la mission du corps du Christ demeure : corps rompu pour la rémission des péchés » (p. 123). Enfin, une admirable « introduction à la prière du soir » vient clore le livre et résonne comme une prière universelle très incarnée, ouverte aux accrocs de l’existence.
Le style est vivant, souvent émaillé d’anecdotes marquantes mais qui ne sont jamais légères : c’est la profondeur de ce livre qui vient toucher la nôtre et nous encourage, avec une touche tout orientale, dans notre propre vie de foi. — I.P.d.l.G.