Le yoga est une spiritualité, ce n'est pas une religion… Le
responsable du groupe Pascal Thomas interroge, un an durant, un
maître yogui français, chrétien convaincu, et une de ses disciples,
catholique traditionnelle, sur le Yogasutra de Patanjalî (dont
trois seulement des 195 sutras concernent les postures corporelles)
et sur sa compatibilité avec le christianisme. Il enrichit chacun
des sept dialogues de trois notes éminemment utiles: une synthèse
de l'échange, le questionnement des chrétiens vis-à-vis du yoga, la
réaction des yoguis face au christianisme. La démarche est modeste,
mutuellement respectueuse, évitant à la fois syncrétisme,
prosélytisme et rivalité, consciente de ne pas épuiser un sujet
relativement neuf. Après un chapitre d'introduction sur le yoga en
France, les auteurs présentent l'anthropologie yoguique et ses
surabondantes divisions, que le lecteur non initié aimera
retrouver, avec leur traduction fatalement approximative, dans le
glossaire des termes sanscrits. Suivent alors trois chapitres
capitaux: la libération selon le yoga (nous aurions aimé ici une
mention du jîwanmukta, libéré vivant); le yoga, méthode et
réalisation (la pratique sâdhanâ est importante, indépendamment du
résultat siddhi); l'ouverture à la transcendance (la réalité
d'Ishwara n'est pas centrale dans le yoga). L'A. rappelle, en
conclusion, que «aussi bien le yoga que le christianisme demandent
une pratique à qui veut les comprendre de façon concrète». - P.
Detienne, S.J.