Isabelle Payen de La Garanderie o.v., Pascal Ide
Le célibat, un état de vie ressourcé par le baptême ?
À propos de Olivier Bonnewijn, J’existe. Un autre regard sur les célibataires (2020), avec une réponse de l’auteur
Le statut du célibat qui n’est pas vécu dans la consécration est une question délicate aujourd’hui, surtout depuis le milieu du xxe siècle, quand le mariage a été redécouvert comme vocation. Au fond, n’est-on pas encore quelquefois tenté de souscrire à la caricature du vieux garçon et de la vieille fille qui n’ont pas trouvé leur mission ou sont en mal d’engagement dans l’Église ou dans la société[1] ? Dans une étude magistrale, Jean-Claude Bologne rappelle cependant que « le célibat, par sa disponibilité permanente, a longtemps été le lieu privilégié où l’amour peut éclore et s’épanouir en toute liberté[2]. » L’ouvrage présenté ici avance une thèse nouvelle : pour Olivier Bonnewijn, le célibat non-consacré peut être compris comme un état de vie dans l’Église parce qu’il est fondé sur le baptême. Nombre de célibataires chrétiens, non-consacrés, ont fait de leur vie un témoignage – pouvant aller à l’héroïsme – de la présence de Dieu en eux.
Deux présentations de ce livre peuvent éclairer la question et susciter d’autres approfondissements. La première, d’Isabelle Payen de la Garanderie, assume l’analyse de l’A. et, se fondant sur la théologie de l’initiation chrétienne, en montre l’actualité pastorale. L’autre, de Pascale Ide, plus critique, puise aux ressources de la psychologie et de la dogmatique.
Olivier Bonnewijn a accepté de répondre brièvement à cette dernière critique en situant lui-même l’enjeu de son livre.
[1]. Sans aller jusqu’à la caricature du Dictionnaire des idées reçues. G. Flaubert (lui-même célibataire endurci) y écrit, à l’entrée « Célibataires » : « Tous égoïstes débauchés. – On devrait les imposer. – Se préparent une triste vieillesse. » (cité par J.-C. Bologne, Histoire du célibat et des célibataires, Paris, Fayard, 2004, p. 276). On lira plutôt les témoignages émouvants rassemblés par C. Lesegretain, Être ou ne pas être célibataire, coll. Enquêtes, Versailles, Saint-Paul, 1998 (recension par A. Mattheuws, NRT 124, 2002, p. 305).
[2]. J.-C. Bologne, Histoire du célibat et des célibataires (cité n. 1), p. 414.