Né en 1914 en Corrèze et mort en 2012 à Chennai (Inde), le jésuite
Pierre Ceyrac est entré presque centenaire dans l'éternité de ce
qu'il demandait et espérait le plus au monde (les notes de 2006 à
2010 ici publiées en témoignent) : l'Amour et le rayonnement
de la sainteté. L'oeuvre accomplie ne laissera pas d'être louée,
d'abord par les enfants, les amis, les intimes, sa famille, ses
compagnons, puis par tous les petits qui étaient ses amis, et la
postérité si souvent oublieuse, car lui, déjà, la considérait comme
« rien » et l'évoquait dans les notes que nous lisons en
offrant « ses mains vides ». Les carnets, dont quelques
pages reproduites donnent à voir l'écriture encore ferme, sont
marqués au sceau de l'« examen de conscience » confiant
qui souvent commence par : « Les jours passent. Combien
de temps me reste-t-il ? Que tout ce « surplus » de
vie ne soit qu'amour. « Tout mon exercice est d'aimer ».
Tout le reste ne compte pas » (27 nov. 2006). Souvent comme en
écho - la typographie les détache du texte plus intime -, tout
autant minutieusement notés, les événements, les rencontres, les
noms des personnes… signent d'un feu d'artifice de
« Présence » une vie toute offerte. La dernière page,
simplement datée de 2010, résume sobrement et sans amertume :
« Nos tristes histoires humaines sont toujours des histoires
éternelles, car d'elles dépend notre éternité ». Les
entretiens, fort circonstanciés, avec l'écrivain Jean-Christophe
Rufin résonnent de cette pure charité et de cette
« pagaille » dans laquelle il se reconnaît lui-même, mais
qui, grâce à la fidélité familiale de sa nièce Odile (elle aussi
donnée à l'Arche de Jean Vanier), nous rejoint et nous touche au
coeur. Qui ne désire ce don de se reconnaître compagnon de
Jésus ? P. Ceyrac l'a éveillé et soutenu auprès de ses
privilégiés. - J. Burton s.j.