L'A., à qui nous devons déjà la publication des Scolies aux
Proverbes (SC 340) et des Scolies à l'Ecclésiaste (SC 397)
considère cette sélection de 198 chapitres, courts et autonomes,
réunis sans structure logique, comme des aide-mémoire destinés à
préserver, pour des moines avancés, l'enseignement du maître: comme
celui-ci disait. Rassemblés en Palestine dans les premières années
du 5e siècle, ils n'ont rien du charme de la prose évagrienne: leur
style est elliptique, rugueux, négligent; la syntaxe chaotique; les
images stéréotypées. L'absence de realia nous empêche d'imaginer le
milieu de leur composition. Le seul manuscrit que nous en
possédions, découvert dans les années 70, a été transcrit vers 1300
par un copiste médiocre. Les versions syriaques et la tradition
indirecte grecque ont préservé d'autres chapitres: le présent
traducteur nous en propose une vingtaine. Parmi les sujets traités,
retenons: la vie pratique et la vie gnostique; les miracles,
toujours conformes à la nature (même chez l'âne de Balaam!); le
corps du Christ ressuscité, englouti dans la divinité; la
philautie, mère de tous les vices; la connaissance qui culmine en
un Dieu qui est lui-même science essentielle; la virginité,
généralisation de l'interdit de l'inceste; la charité liée à
l'impassibilté, qui trouve un écho dans les Centuries de Maxime le
Confesseur … Relevons le recours à l'allégorie alexandrine dans les
rares chapitres spécifiquement exégétiques: la sortie de Moïse hors
d'Egypte figure la sortie du péché… L'ouvrage est enrichi de
précieux index. -P.-G.D.