Le jeune écrivain Christophe Langlois (né en 1973), connu pour un
recueil de poésie (L'amour des longs détours) et deux
recueils de nouvelles (Boire la
tasse et Finir en beauté), salués par la
critique, s'essaie ici au genre de… l'essai : un essai d'humeur sur
un mal moderne qu'il nomme avec le néologisme transparent de
« partagitude » (p. 7), substitut obligatoire, addictif,
irréel et superficiel du lien qui, lui, est libre, réel et de
qualité. Titre et sous-titre de l'ouvrage en disent le partage
(sic !) quasi-médical. D'abord, notre maladie qu'est la dictature
du partage (1re partie). Cette pulsion qui est
compulsion est pistée à travers différents symptômes comme le
like (p. 17) ou le « tutoiement à tous les étages »
(p. 33). Ensuite, le remède qu'est l'éloge de
l'incommunicable. Tout, en effet, ne peut être communiqué, qu'il
s'agisse du monde, de Dieu (2e partie) ou de
l'autre (3e partie).
L'indignation a ses vertus ; elle a aussi ses limites, qui viennent
de son caractère réactif et donc unilatéral. Les contraires
appartiennent au même genre, notait Aristote. Ainsi, à trop
critiquer le témoignage, au nom de ce qu'il évacue l'objectivité
universelle du vrai, on manque le moment d'implication singulière
qui manque à tant de discours seulement extérieurs. En réalité,
l'A. ne critique pas tant le partage que sa nécessité et sa
superficialité (la partagitude généralisée), qui trahissent
l'essence du don de soi : le libre don
d'un soi. - P. Ide