Le sous-titre de ce très précieux livre lui convient parfaitement.
Il s'agit bien de la relation d'un
itinéraire mystique. Tout commence d'une certaine
manière, pour ce missionnaire jésuite au Zaïre, un soir de
fév. 1971 (né le 25 oct. 1931, Jean-Marie de
Marneffe est entré dans la Compagnie en 1951 ; il est en
mission depuis 1965) : « La lecture [d'un passage de
l'Écriture] à peine entamée, écrit-il, un bouleversement intérieur
total le saisit ! Comme saint Paul, jeté à bas de sa monture
aux portes de Damas. Ici, pas de dialogue. Pas de voix qui
s'entende. Seulement, saisi intérieurement, bouleversé, remué
jusqu'au fond de l'âme. Il éprouve intensément en son coeur une
présence intime du Seigneur. Totalement subjugué. Incapable de
passer à tout autre occupation. Il demeure là, des heures durant,
assis à sa table, le coeur saisi… Muet. Et comme Blaise Pascal le
rapporte dans son Mémorial : « Larmes,
pleurs, pleurs de joie… » Larmes et pleurs incessants, dans
une joie indicible… » Avec plus ou moins d'intensité, avec
aussi des temps d'obscurité, le p. Jean-Marie éprouvera cette
grâce de la Présence divine, souvent accompagnée du don des larmes,
jusqu'à sa mort. Cette grâce lui apparaît d'emblée comme
un appel. Mais à quoi ? Temps d'un long
cheminement : dix années. En 1979, il rencontre son
provincial jésuite qui le confirme dans son orientation vers la vie
cistercienne. Il entre à l'abbaye Sainte-Marie du Mont-des-Cats le
14 oct. 1981. En oct. 2009, il apprend qu'il a un cancer
(« Je vis en ce moment d'un bonheur intérieur constant, qui me
paraît par moments, presque indécent ! Mais quel
bonheur… ! »). Il passe en Dieu le 16 jan. 2010.
Le lecteur, émerveillé, découvrira non seulement les péripéties
d'un itinéraire, mais aussi un véritable enseignement sur ce qu'est
la mystique, comprise comme l'épanouissement « normal »
et organique de la grâce baptismale. Il comprendra mieux la
compatibilité de la joie et de la souffrance. Le témoignage est si
simple et si authentique que ce livre est une preuve vivante de
l'existence de Dieu. Les introd. du fr. Jacques Delesalle,
père abbé du Mont-des-Cats, et du p. Jean Radermakers s.j.,
sont très éclairantes. - J.-M. Hennaux s.j.