La teologia degli antichi cristiani (secoli I-V)

Emanuela Prinzivalli Manlio Simonetti
Teología - reviewer : Sébastien Dehorter
Nous présentons ici deux ouvrages parus en même temps et traitant chacun, quoique de manière fort différente, de la théologie des premiers siècles. Le premier, en deux imposants volumes, est un événement éditorial en langue française: il s'agit de la traduction (avec mise à jour des références bibliographiques et constitution de plusieurs index) de l'Introduction à la théologie des iie et iiie siècles (éd. espagnole de 1987) du p. A. Orbe, sj, prof. jusqu'en 1995 de théologie patristique à l'Univ. grégorienne, réputé pour ses publications sur S. Irénée et sur la gnose. Le second est la parution en italien d'un nouvel ouvrage du grand prof. italien, M. Simonetti (prix Ratzinger 2011), en collaboration avec E. Prinzivalli, deux autorités sur le christianisme primitif, offrant une présentation synthétique de la Théologie des premiers chrétiens (des origines à Chalcédoine). Ce genre d'ouvrage ne se résume pas; leur présentation comparée permettra de souligner quelques-uns de leurs traits saillants et les différences de leurs perspectives propres.
L'ouvrage du p. Orbe s'intitule modestement Introduction et pourtant, couvrant la seule période des iie et iiie s., il atteint au total plus de 1500 pages. Celui de Simonetti et Prinzivalli réussit la gageure de couvrir une période de 5 siècles en moins de 500 pages. Si l'un et l'autre se veulent accessibles plus largement qu'aux seuls spécialistes, s'ils renvoient à des publications antérieures pour le détail des analyses, leur lecture reste néanmoins exigeante. L'espagnol ne s'embarrasse pas des questions de style; le ton est vif, les affirmations parfois au bord de l'annotation, la langue jongle entre les termes traduits littéralement, le grec et le latin. Quant aux lecteurs qui ont eu l'opportunité d'écouter le prof. Simonetti, ils retrouveront avec bonheur la pureté de sa langue et la hauteur de son style.
Ce qui intéresse Orbe, c'est de faire assister à l'apparition de la première théologie, au passage des sources de la révélation à la première synthèse, dans le cadre de la confrontation dramatique entre «hétérodoxes et ecclésiastiques». Il s'efforce de sympathiser avec tous, de rendre compte en particulier de l'intérêt qu'il y a à comprendre les gnostiques de l'intérieur, persuadé que «plus une erreur est aiguë, plus elle oblige à en préciser les limites»; c'est «l'erreur qui est à l'origine de la première grande théologie systématique». Le plan en 19 chap. suit la ligne de l'économie: de la doctrine sur Dieu à la vision eschatologique du Père, en passant par la création, le péché, l'ancienne alliance, l'incarnation et les mystères de la vie du Christ, le jugement. Chaque chap. présente les points de vue de différents auteurs. Une préférence est accordée à Irénée mais, comme l'A. le dit lui-même, plus qu'aux auteurs il s'intéresse aux doctrines. C'est une véritable somme au centre de laquelle se trouve la question de l'homme: qui est-il, quel salut lui est proposé, et par quel Sauveur?
La perspective du second ouvrage est résolument historique: il s'agit de suivre le développement qui fut celui-là même de la théologie, à partir de l'Écriture, avec cette conscience que pour chaque auteur, chaque période, il a fallu faire un choix subjectif pour mettre en relief tel ou tel aspect. Mais l'essentiel est de faire ressortir quelques lignes de force. Deux thématiques commandent la division de l'ouvrage: d'abord la question de Dieu (christologie et théologie trinitaire) puis celle de l'homme (sa constitution et son salut). Ensuite, pour chaque partie, la période qui va des origines à Chalcédoine reconnaît le tournant que fut le début du ive s. et le Concile de Nicée. Dans le rapport de l'Église au monde, on passe d'une situation d'extranéité voire d'hostilité à une sorte de symbiose; le discours théologique s'en ressent. Le premier chap. introductif donne quelques coordonnées fondamentales. Il situe l'originalité du discours chrétien par rapport à la philosophie grecque et aux religiosités ambiantes ainsi que son évolution à l'égard du judaïsme. Le recours aux Écritures d'Israël (sous la forme de testimonia puis d'une exégèse allégorique car christologique), l'appel à la règle de foi et à la tradition apostolique, la nécessité des proclamations conciliaires, la constitution des florilèges patristiques ont participé de la mise en place progressive de l'orthodoxie contre les hérésies. L'approche de nos deux A. est aussi prudente que progressive. Prenant en compte la diversité et la complexité des situations autour du bassin méditerranéen ainsi que le caractère limité des sources parvenues jusqu'à nous, ils offrent une présentation qui se veut synthétique sans être aucunement caricaturale. Au contraire, c'est une école de précision, dans la capacité à situer et à lire les textes dans leurs contextes, sans extrapolation ni jugement hâtif.
En bref, deux approches complémentaires pour entrer résolument en théologie à l'école des Pères. - S. Dehorter

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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