Dominique Tronc n'entend pas nous offrir une nouvelle biographie de
la fondatrice des Bénédictines du Saint-Sacrement. Son intention
est de « nous centrer sur le vécu intérieur de Mère
Mectilde ». Pour ce faire, il a rassemblé des textes qui
proviennent, pour l'essentiel, de sa correspondance. Mère Mectilde
était en effet en relation avec de nombreux spirituels « qui
partageaient la même recherche mystique ». Dans cet ouvrage,
D. Tronc a repéré, selon un ordre chronologique, divers groupes où
se répartissent les Amitiés de la Mère : « des aînés, qui
l'ont aidée dans sa recherche spirituelle, des compagnes, de la
même génération qu'elle, des dirigées enfin et des
visiteurs ». Chaque figure est présentée, avec un choix de
textes. À la fin de l'ouvrage nous est donnée une liste des
personnages relevés dans cette anthologie. Ainsi, à travers les
multiples correspondants de Mère Mectilde, nous entrons en contact
avec plusieurs des nombreux mystiques
du xviie s., et nous trouvons dans les
extraits choisis une riche initiation à leurs expériences et à leur
enseignement. Surtout, nous avons l'opportunité de goûter au
« véritable esprit » d'une moniale trop peu connue, et
dont on espère une béatification peut-être pas trop éloignée. Un
lecteur non averti pourra sans doute s'effrayer devant le
« néantisme » si présent dans les écrits de Mère
Mectilde. Il se rappellera que son enseignement est d'ordre
fondamentalement mystique et use de son langage, mais il
s'apercevra que ses écrits cherchent par-dessus tout à nous faire
entrer dans le Mystère pascal. « Ma chère fille, écrit Mère
Mectilde à Marie de Châteauvieux, ne vous rebutez point sur cet
état de mort totale de soi-même. Ce n'est point l'oeuvre de la
créature, mais l'oeuvre de la main toute puissante de Dieu… C'est
l'état purement saint que vous avez voué au baptême. C'est
celui qui nous fait cesser d'être ce que nous sommes pour faire
être et vivre Jésus-Christ en nous » (p. 174). -
H. Jacobs s.j.