Les deux éditeurs de ce volume rassemblent ici onze études très
denses, qui ont fait l'objet de conférences lors d'un colloque tenu
à l'Institut catholique de Paris au printemps 2007. En outre, l'un
introduit et l'autre conclut, et ils assurent trois transitions en
cours de route (p. 57-58, 181-185, 217-218). Les contributeurs sont
en général relativement jeunes (on remarque que l'ampleur de leur
contribution est souvent inversement proportionnelle à leur âge).
La question est de savoir comment la théologie trinitaire s'est
renouvelée vers le milieu de ce xxe siècle, avec Karl Rahner comme
théologien-pivot, entre 1950 et 1965 (cf. son fameux axiome
méthodologique sur les rapports entre Trinité immanente et Trinité
économique). Après l'indication des enjeux par Piero Coda,
Christoph Theobald retrace l'histoire de ce passage de la théologie
des manuels à de nouvelles formes de pensée, grâce à et en
dépassant les efforts de la théologie historique et positive.
Michel Fédou, Bernard Pottier, Luigi Gioia et Gilles Emery le
montrent à partir d'Hippolyte, des Cappadociens, de saint Augustin
et de saint Thomas respectivement: attention aux ressources des
textes les plus anciens, par-delà les risques d'anachronisme;
prudence du rapport herméneutique à une tradition patristique
sollicitée différemment par des confessions chrétiennes
divergentes; liberté dans l'interprétation des analogies
psychologiques augustiniennes, par rapport à des autorités comme
Olivier Du Roy; relecture d'un Thomas non pas rationaliste, mais
invitant à un véritable exercice spirituel dans la contemplation de
la Trinité. Les deux contributeurs les plus âgés et les plus
chevronnés fournissent une contribution sur la Trinité hégélienne
(Jean-Louis Vieillard-Baron) et sur l'apport spécifique de
Schleiermacher (Emilio Brito). Vincent Holzer consacrait d'ailleurs
ses toutes premières pages à montrer l'importance de l'idéalisme
allemand, et en particulier de Hegel, dans ce renouveau: ce dernier
cherchait dans la Trinité immanente les raisons de la mort du
Christ en croix, d'où le recentrement christologique qui s'en est
suivi. Ce même contributeur montrera comment Balthasar veut
résister à toute entreprise de rationalisation de la foi
trinitaire, en s'appuyant sur de nouveaux présupposés métaphysiques
empruntés à Gustav Siewerth. Emmanuel Durand souligne le rôle
capital de Karl Barth dès 1932, qui ne manqua pas d'impressionner
Karl Rahner. Il signe les conclusions en indiquant les cinq tâches
fondamentales pour confirmer le renouveau trinitaire en ce xxie
siècle, dont l'une est de bénéficier à tout moment de la valeur de
suggestion et de résistance des textes bibliques vis-à-vis de la
conceptualité trinitaire. Olivier Riaudel, auparavant, avait
souligné cet aspect en étudiant Pannenberg. Les autres tâches
consistent à réinterroger les sources les plus anciennes, à
discerner les développements philosophiques décisifs, à élaborer un
rapport enrichissant vis-à-vis de la vie spirituelle, et enfin à
permettre à la doctrine trinitaire de jouer tout son rôle dans les
autres champs de la théologie. Deux autres colloques trinitaires
ont, entretemps, eu lieu en avril 2008 et avril 2009. Le deuxième a
été publié dans Cogitatio fidei 273. - B. Pottier sj