La spiritualité augustinienne est plus que jamais d'actualité, tant
les désirs de l'homme moderne sont grands de trouver la réalisation
de soi dans la découverte d'un bonheur qu'on ne peut se donner à
soi-même. Les éditions Agustiniana de Guadarrama (Madrid) ont
déployé ces dernières années un effort incroyable pour faire
connaître la pensée de leur maître, surtout dans le domaine de la
spiritualité augustinienne. C'est pourquoi ils ont traduit
l'ouvrage important de Nello Cipriani, prof. à
l'Augustinianum de Rome, paru en italien en 2009, que
l'on peut comprendre ainsi: Nombreux et un seul dans le
Christ. Ce titre fait évidemment allusion à l'idéal
augustinien de la communauté
(cf. Reg. 1, 1) à partir du «in unum» du
Ps 132/3, 1: «qu'il est agréable, qu'il est doux pour des
frères de demeurer ensemble!» (commenté p. 172). L'ouvrage est
divisé en 3 parties: la 1re présente les fondements
anthropologiques et théologiques de la spiritualité augustinienne,
la 2e explore la vie chrétienne, la
3e décrit les étapes de la perfection chrétienne.
Aug. associe dans le sujet la conscience de soi et sa capacité de
relations, au plus haut point celle par laquelle il est conduit à
Dieu. Dans ce paysage, N. C. n'oublie pas la dimension corporelle
intégrée dans la dimension sociale de l'homme. Puis, il étudie le
rôle chez Aug. de l'histoire dans la rencontre de Dieu avec
l'homme, histoire où la médiation du Christ est considérée comme
primordiale. On peut effectivement parler d'une «spiritualité
christocentrique» (p. 130-132) sans oublier l'action de
l'Esprit Saint: elle est «unificatrice» (p. 136) et son lieu
est celui où grandit l'Église (décrite sous tous ses aspects
augustiniens, p. 139-193). Mais la spiritualité augustinienne
est aussi une spiritualité des vertus théologales, qui conduit à
faire de la vie spirituelle un chemin. Héritier des moralistes qui
décrivent la vie humaine selon des étapes de perfectionnement
personnel associée aux étapes de la vie du monde, Aug. relie quant
à lui la vie spirituelle aux dons bibliques du Saint-Esprit
(p. 331-490). Si l'homme n'est pas encore dans la joie et la
paix, il vit cependant dans la grâce qui le construit et l'intégre
dans le corps du Christ. Les lecteurs espagnols apprécieront ce
texte profond qui n'a pas la lourdeur des études savantes, mais qui
profite de leurs enseignements: c'est une très belle synthèse de la
pensée et de l'oeuvre d'Aug. qui nous est ici proposée.