Le titre de ce collectif définit parfaitement le champ et les
limites de son investigation. Le contexte global de sa publication
n'a pas besoin d'être justifié. Comme exercice théologique, il
entend se situer dans le prolongement et dans l'approfondissement
de l'encyclique Laudato si' (mai 2015) en
poursuivant deux objectifs complémentaires : 1) mettre en
valeur et expliciter les « sources de la tradition théologique
et spirituelle catholique que le Saint-Père explore et reprend à
son compte dans son enseignement magistériel »
(p. 8) ; 2) compléter ces sources par d'autres qui
n'ont pas été retenues, mais qui auraient pu étayer son propos. Les
19 contributions émanent des membres de la chaire Jean
Bastaire rattachée à l'Univ. cath. de Lyon et très active dans la
réflexion et dans l'engagement en faveur d'une écologie intégrale.
L'ouvrage est divisé en quatre sections. La
1re (p. 19-77 ; 3 chap.) examine
« l'écologie dans la doctrine sociale de l'Église
catholique » depuis Jean xxiii jusqu'à
Jean-Paul ii en passant par le Compendium de la
Doctrine sociale de l'Église (2005), en son chap. 10
(« Sauvegarder l'environnement »). La
2e section, intitulée « Perspectives cosmiques
en théologie » (p. 79-185 ; 6 chap.), élargit
la réflexion aux grands courants théologiques qui ont cherché à
penser la création, la providence, les raisons de l'incarnation et
les conséquences du péché originel, tous sujets qui ont une
incidence sur la façon chrétienne d'analyser et de comprendre la
crise actuelle. La 3e partie, sans doute la plus
originale, passe en revue différentes « spiritualités
écologiques » (p. 187-272 ; 5 chap.) : la
tradition monastique, Hildegarde de Bingen, François d'Assise, la
tradition ignatienne, Teilhard de Chardin. La dernière section,
enfin, traite du « rapport aux créatures »
(p. 273-360 ; 5 chap.) et notamment du statut de
l'animal. Le fait que ce livre, centré sur la seule tradition
catholique, soit publié par une maison d'édition protestante montre
bien qu'aujourd'hui les enjeux dépassent largement les frontières
confessionnelles, et la conclusion y insiste avec raison. Par
contre, je continue à regretter, pour ma part, le fait que cette
relecture de la tradition n'aille pas encore jusqu'à remonter vers
l'Écriture, norma normans non normata(voir le
chap. 2 de Laudato si' : « L'évangile
de la création »). Il y a là - me semble-t-il - un
chantier encore ouvert pour l'équipe de Fabien Revol. - D. Luciani