Cet ouvrage clairement charpenté est le fruit d'un colloque
organisé par le département de théologie des religions de la
Faculté de théologie de Sicile, à Palerme. On peut y distinguer un
versant historique et documentaire et un versant méthodologique et
prospectif. Une première étude évoque l'émergence, dans le cadre de
la théologie chrétienne, d'un intérêt pour les religions et leur
statut dans l'histoire du salut: d'abord l'oeuvre de précurseurs
tels que O. Karrer, H. de Lubac et J. Daniélou, ensuite les travaux
d'un K. Rahner ou d'un H.R. Schlette ainsi que leur réception à
Vatican II (G. Canobbio). Pas moins de sept chapitres procèdent
ensuite à un examen approfondi de contributions plus récentes dans
différents domaines régionaux ou continentaux: pour la France,
encore H. de Lubac, ainsi que Cl. Geffré et J. Moingt (J.-M.
Aveline); dans le domaine anglo-saxon les auteurs sont regroupés
selon les perspectives exclusiviste, inclusiviste ou pluraliste (J.
Farrugia); les contributions de langue allemande sont présentées au
fil d'un itinéraire qui conduit de E. Troeltsch à H. Küng (G.
Gäde); un auteur catalan centre toute son attention sur l'oeuvre de
R. Panikkar (S. Pié Ninot); enfin les productions théologiques de
l'Asie du Sud, de l'Extrême-Orient et de l'Afrique sont présentées
respectivement par F.A. Machado, J.S. Lee et J. Ilunga Muya. Sans
prétendre à l'exhaustivité, ce tour d'horizon, nourri d'abondantes
références bibliographiques, offre des dossiers substantiels dans
lesquels apparaissent déjà bien évidemment les enjeux
méthodologiques et théologiques qui sont repris dans la seconde
partie de l'ouvrage. Entre les sciences des religions
(phénoménologie, sociologie, psychologie…) et la théologie des
religions, M. Fuss estime que peut s'instaurer une «diaconie» où la
réciprocité serait garantie par le respect des statuts et des
méthodes propres à chaque discipline. (On pourra se demander
toutefois si le choix de termes tels que «anthropologie
interreligieuse» ou «anthropologie théologique comparée» pour
désigner la théologie des religions ou du moins l'un de ses
moments, contribue à clarifier le débat dans le sens souhaité par
l'auteur.) Dans sa contribution intitulée «Une théologie biblique
des religions?» G. Bellia s'attache surtout à définir l'objet et la
méthode de la «théologie biblique», mettant en garde contre un
recours trop direct et trop utilitaire à des citations bibliques
pour fonder telle ou telle thèse en théologie des religions. Enfin
M. Crociata cherche à définir le statut et la démarche de la
théologie des religions. L'examen des positions de V. Boublik, P.
Rossano, J. Dupuis et H. Waldenfels donne l'occasion de penser
notamment la complémentarité entre une réflexion plus générale
quant à la portée salvifique des religions et une prise en
considération de ce que propose chaque religion particulière. Il
s'agit en outre par là de préciser la relation plus étroite que la
théologie des religions entretient tantôt avec la théologie
fondamentale tantôt avec la théologie systématique. - J. Scheuer,
S.J.