L'oeuvre de Henri Bouillard (1908-1981) est révélatrice des rapports entre philosophie et théologie dans l'espace théologique français contemporain. L'auteur débute par le récit de l'intérêt du théologien pour la philosophie. Il discerne quatre rencontres marquantes. De Thomas d'Aquin, Bouillard retient que le théologien n'est pas lié à une philosophie déterminée, mais a pour tâche de penser la foi dans les conditions culturelles d'une époque donnée. Contre Karl Barth, le théologien jésuite fait apparaître la validité de la connaissance humaine pour l'accueil de la Révélation. Maurice Blondel lui permet de découvrir, dans l'action humaine, le besoin du surnaturel, à la fois nécessaire et impossible à l'homme. Avec Éric Weil, enfin, Bouillard réfléchit au sens de l'existence humaine. La philosophie n'est pour lui ni un outil extérieur ni un allié déclaré. Elle est un lieu effectif et obligé où la théologie doit accepter de se porter et de se tenir, pour y faire ses propres preuves avec ses moyens spécifiques.