L'article s'interroge sur le fondement théologique de la divergence encore séparatrice aujourd'hui entre l'Église catholique romaine et les Églises issues de la Réforme. Il propose à ce sujet un diagnostic en parcourant un circuit triangulaire constitué par trois pôles en constante intercommunication: l'ecclésiologie, la sotériologie et l'anthropologie. En ecclésiologie le concept de l'Église-sacrement (mystère) - même discuté - permet de situer la difficulté concernant l'instrumentalité de l'Église et finalement son service de l'unique médiation du Christ. Les catégories protestantes renvoient à une cassure de la donnée sacramentelle de l'Église (res et sacramentum, en langage augustinien) entre la réalité (res tantum) et le signe visible (sacramentum tantum). La sotériologie manifeste une sous-estimation protestante de l'action de l'humanité libre du Christ dans l'oeuvre du salut, conséquence et non pas cause d'une conception trop unilatérale de la justification dans ses effets. L'anthropologie théologique, la conception du rapport de l'homme pécheur à Dieu et la difficulté concernant l'analogie (en évolution d'ailleurs aujourd'hui) constituent peut-être la source dernière de la divergence.
