Ce volume reprend des textes, globalement entièrement cités, du pape François s’adressant aux prêtres. Ils ont été choisis, ordonnancés et titrés par Cédric Chanot, diacre du diocèse de Metz.

Ces lettres, méditations, homélies, discours, agencés thématiquement par Cédric Chanot, relèvent de l’exhortation spirituelle et pastorale et témoignent d’une réelle prise en compte des circonstances de ces diverses prises de parole. François invite, p. ex., la Congrégation pour le clergé à veiller à ce que la pénurie de ministres ne pousse pas les diocèses à remplir à n’importe quel prix les places vides. Au Mozambique, il explique à des acteurs pastoraux comment contrer une « crise de l’identité sacerdotale » ; elle provient, dit le pape, d’une certaine « mondanité spirituelle », d’auto-exigences ou autoréférences, alors que la fatigue pastorale devrait, elle, provenir de la compassion éprouvée en toute rencontre. Il conseille de retourner au premier appel, de contempler celui de Marie de Nazareth plutôt que les doutes et besoins d’explications de Zacharie. Finalement, dira-t-il ailleurs, « seul l’amour donne du repos » et le Christ est là pour laver les pieds chargés de nos mauvaises fatigues afin qu’ils retrouvent la joie de sortir « vers toutes les périphéries ». Notre Sauveur le fait de bien des manières, et François évoque, p. ex., non seulement la prière confiante, mais aussi l’affection donnée par le peuple saint à ses ministres ou la sagesse des prêtres anciens. Ici comme en d’autres endroits, François, en bon ignatien, rappelle de bons critères de vie spirituelle.

Ce faisant, ces lignes témoignent aussi de la manière dont le pape reprend les grandes thématiques que se doit d’honorer un traité théologique du ministère presbytéral. La catégorie-mère rassemblant le propos est celle du pasteur (pénétré de « l’odeur de ses brebis »). L’âme du propos est bien l’Écriture, notamment les scènes permettant à celui qui les contemple de laisser s’imprimer en lui la miséricorde de Jésus. Le critère par excellence du pastorat est, en effet, la proximité miséricordieuse et compatissante du cœur avec le « saint peuple de Dieu ». Sans être systématique, mais de manière très structurante, ce langage théologique, toujours existentiel, met en avant le « pour évangéliser » de toute ordination. Il y est question de médiation de ceux qui sont appelés à être signes pour être de bons instruments, en précisant que personne ne s’intéresse à l’instrument mais à ce qui se réalise avec lui. Et, impossible de l’oublier au fil de ces pages, c’est de miséricorde qu’il s’agit d’être signe et instrument, d’être « ministre ». La célébration de l’Eucharistie comme le sacrement de réconciliation façonnent et exigent un style d’existence : la proximité de celui qui s’offre à ses frères, la compassion de celui qui annonce la miséricorde. On est dans le registre de ce qu’un Congar appelait des « sacrements personnes ».

Les images, notamment bibliques, sont nombreuses. La plus récurrente est probablement celle de l’onction. L’onction des serviteurs de Dieu est une onction pour oindre d’une huile de joie le peuple confié aux pasteurs.

Ce livre peut vraiment servir de lecture spirituelle, certes aux évêques et prêtres, mais aussi à tout acteur pastoral engagé à la suite du Christ sorti de Dieu pour s’approcher de toute humanité. — Anne-Marie Petitjean a.s.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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