Actualité de la Philosophie de l'histoire. L'histoire aux mains des Philosophielosophes

M. Lagueux
Filosofía - reviewer : Hubert Thomas
Peut-on échapper à la philosophie spéculative de l'histoire? C'est la question qui fait l'objet de cet ouvrage. Au départ, il faut bien reconnaître le discrédit porté aujourd'hui sur pareille entreprise. Est-il possible d'englober l'histoire dans un sens récapitulatif? Ne faut-il pas, avec Popper, aller plus loin et voir dans cette démarche la source et l'aliment des totalitarismes?
Il serait difficile, voire absurde, de dénier les racines religieuses de la philosophie de l'histoire. S'il y a eu des philosophies de l'histoire, c'est parce qu'il y a eu des visions chrétiennes de l'histoire. Même s'il faut distinguer tradition germanique et tradition française quant à leur position face aux théologies de l'histoire.
Le ch. 3 reprend la question des représentations du temps: linéaire ou cyclique, et constate que les philosophies de l'histoire n'ont jamais fait, pour la plupart, qu'opter pour un mixte des deux regards. Bien évidemment, la philosophie de l'histoire repose sur la notion d'un sens de l'histoire. Ici encore l'influence de la pensée chrétienne est indéniable (Augustin, Joachim de Flore). Aux XVIIIe et XIXe siècles, les penseurs vont se mettre à distance du point de vue théologique en remettant à la raison le soin de conduire l'histoire. Même si, selon Hegel, l'histoire avance avec «les ruses de la raison». Un auteur récent, Fukuyama, n'hésite pas à parler de «la fin de l'histoire» pour dire que celle-ci a atteint avec la démocratie libérale un point de non-retour. Mais n'est-ce pas prétendre détenir le fin mot de l'histoire?
L'histoire a-t-elle donc un sens? Ou faut-il, à la manière de Montherlant, reconnaître que son cours est aussi insignifiant que la formation des nuages dans le ciel? S'il est difficile de donner raison à cette dernière affirmation, les historiens sont réticents par rapport à toute vision universellement englobante. Pourtant, l'A. montre bien que, quelle que soit la manière d'écrire l'histoire, on n'échappe jamais aux questions qui intéressent la philosophie spéculative de l'histoire. D'où le titre de l'ouvrage: «actualité de la philosophie de l'histoire».
Ce livre, qui a l'allure d'une longue dissertation, prudente et réservée, ramène la question. Les hommes se passent difficilement de chercher à comprendre ce qui leur advient dans ce qu'ils vivent et quelle est leur destinée en ce monde. - H. Thomas, O.S.B.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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