La quatrième de couverture annonce que ce «livre n'est pas une
thèse», que «c'est un témoignage». Et sans prétendre être «une
autobiographie complète et circonstanciée (ibid.), l'ouvrage
commence effectivement dans le style du témoignage: l'A. relate
comment il a vécu la période de sa formation ecclésiastique, ses
premiers ministères, son insertion dans le monde des prêtres
ouvriers jusqu'à sa «sortie de l'Église» (sans ce qu'on appelle
couramment une réduction à l'état laïc), son engagement dans le
mariage, etc… Toutefois, au fil du récit, le livre prend une voie
nettement contradictoire avec ce qui est annoncé; toujours comme le
précise la même page de couverture, il «met en lumière le divorce
croissant entre la hiérarchie de l'Église catholique et le monde
contemporain. Il annonce, de façon critique et brutale, la fin d'un
monde institutionnel, la disparition des pratiques religieuses, la
libération du message évangélique». Il est difficile de faire plus
thèse!
Sous son aspect «témoignage», c'est une pièce de plus à mettre au
dossier d'un des événements importants - et douloureux - de
l'histoire de l'Église contemporaine. À ce titre, il a droit au
respect: respect historique qui doit prendre en compte ce qui se
présente précisément comme un témoignage; respect humain face à ce
qui a été vécu dans une réelle souffrance.
Quant à l'autre aspect, on ne peut que laisser à l'A. la
responsabilité de ses propos, qui fusent dans tous les sens et au
milieu desquels on en arrive à se demander ce qu'il veut exactement
construire, si tant est qu'il veuille construire quelque chose. -
B. Joassart sj