Anni di Francia. 1: Agende del nunzio, 1945-1948, éd. Ét. Fouilloux

A.G. Roncalli
Historia - reviewer : Bernard Joassart s.j.
Après l'édition du «Giornale dell'Anima» excellemment réussie par A. Melloni (cf. NRT 126 [2004] 288) dans l'Edizione nazionale dei diari di Angelo Giuseppe Roncalli - Giovanni XXIII publiée par l'ISR de Bologne, voici l'édition, non moins réussie, de la première partie des «Agendas» rédigés par Roncalli durant les quatre premières années de sa nonciature à Paris.
On se rappelle les circonstances pour le moins délicates de la nomination de R. Il arrive dans la capitale française in extremis, le 30 décembre 1944, afin de pouvoir présenter les voeux du corps diplomatique, dont le nonce est le doyen, au Général de Gaulle, président du gouvernement provisoire. Mais si R. doit remplacer au pied levé Valerio Valeri, avec qui de Gaulle ne veut plus avoir affaire pas plus qu'avec tout autre diplomate accrédité auprès de Vichy, cette prestation protocolaire n'est certainement pas la tâche la plus ardue qui attend le nouveau représentant du Saint-Siège. Il est certes au service de la diplomatie vaticane depuis relativement longtemps; mais il n'est pas pour autant unanimement apprécié de ses supérieurs romains, pas plus qu'il ne le sera des autorités civiles et de la hiérarchie catholique françaises. Et celui qui, selon l'expression d'Ét.F., n'est qu'un «second couteau» des services diplomatiques vaticans, sait que le climat politique et religieux de l'Hexagone est tendu. Premier écueil à affronter: l'«épuration» de l'épiscopat par trop compromis avec le régime de Pétain. Il faudra aussi, avec le temps, préparer la nomination de nouveaux évêques. La montée en puissance du communisme n'est pas un sujet de moindre inquiétude, tout comme d'ailleurs les premières manifestations de ce qu'on appellera la «Nouvelle théologie», tandis que le prélat est plutôt porté à l'intransigeance coutumière du catholicisme. En fin de compte, Roncalli s'en tirera fort honorablement - et il restera en poste à Paris tout aussi longuement que ses prédécesseurs Maglione et Valeri. Peu d'évêques seront écartés de leurs fonctions; les nouveaux promus - une bonne trentaine - ne compteront que peu de personnalités de premier rang, mais au moins seront-ils «sûrs». Sans pour autant accepter l'idéologie communiste, le nonce aura l'occasion de poser les bases de la distinction qu'il énoncera plus tard en tant que pape, entre les doctrines et les personnes. Et encore ne faudrait-il pas oublier qu'il remplira avec conscience les devoirs proprement religieux liés à sa fonction.
Tout cela - et bien d'autres événements aussi - peut précisément être suivi à travers les Agendas ici édités. Mais il convient d'attirer l'attention du lecteur sur l'introduction de l'éditeur, sorte de manuel de lecture de ces documents. Ceux-ci sont une source de première importance pour la connaissance de la carrière de Roncalli et des événements qui l'entourent: au sujet de la première, ils émanent du principal intéressé; quant aux seconds, ils proviennent d'un homme dont la fonction le place sur le devant la scène. Mais on est bien loin des Carnets du cardinal Baudrillart, nettement plus prolixe et capable de s'étendre longuement sur les personnes et les faits. Affaire de tempérament? C'est possible. Mais il y a plus: Roncalli ne dit pas tout! On ne peut s'empêcher ici de citer l'exemple mis en relief par Ét.F. Le 6 mai 1948, R. rencontre Myron Taylor, représentant américain auprès du pape. Le jour même, Taylor rend compte à Truman des propos échangés qui ont roulé sur une éventuelle troisième guerre mondiale, sur la nécessité de réintégrer l'Espagne de Franco dans le camp occidental, comme sur le fait qu'il serait opportun de soutenir la nomination d'Athénagoras Spyrou au siège patriarchal de Constantinople. «Rien de moins», souligne Ét.F. (p. IX). Or, à la même date, R. note dans son agenda: «Niente d'interessante». Rien de plus, est-on tenté d'apprécier.
Et c'est ici que l'annotation de l'éditeur prend la relève: elle permet non seulement de comprendre - tout n'est pas que mutisme, et la plupart des propos s'entendaient sans peine pour le rédacteur des agendas comme ils peuvent être saisis par le lecteur de notre époque - mais aussi bien souvent de contourner les cachotteries du nonce.
La suite de l'édition de ces Agendas parisiens de R. est attendue avec (im)patience, tout autant d'ailleurs que la publication des documents de même nature couvrant les autres périodes de la carrière de celui qui devint pape dix ans après avoir quitté Paris. - B. Joassart, S.J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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